0

Faillite de la répartition

Il y a plus de 20 ans, je pensais au vu des chiffres que la répartition allait à la faillite. Il n’en est rien. Si faillite il y a (et il y a), elle ne peut être comptable. Le système actuel maintient un équilibre entre cotisations et prestations. Aujourd’hui vous avez 2 actifs qui payent pour un retraité. Si la cotisation globale est de 28% du revenu, on verse au retraité une pension égale à 56% du revenu. Si demain il y a un actif pour un retraité (toutes les professions tendent vers ce chiffre à terme), il n’y a pas faillite, mais un nouvel équilibre : si on veut maintenir la retraite à 56% du revenu on porte la cotisation à 56%, si on ne peut aller au-delà de 28%, la retraite sera de 28% du revenu. Conclusion : tant qu’il reste un cotisant, il ne peut y avoir faillite. Krach des pensions oui, mais pas faillite.

La faillite existe pourtant, elle est de taille, mais ailleurs. La faillite est morale. En baptisant « solidarité » de véritables détournements de fonds, de l’abus de bien social, la création de privilèges, la répartition « à la française » permet de mettre en valeur chez nos élites certains défauts de la race humaine, et non des moindres : démagogues, menteurs, tricheurs, profiteurs.

Le système permet aux élus de distribuer avec générosité de l’argent qu’ils n’ont pas, l’argent des autres, de la génération suivante à qui on ment sur la retraite qu’ils peuvent espérer. Cela permet toutes sortes d’inégalités non justifiées, de distributions, de privilèges, parfois pour eux-mêmes, d’autres fois pour une catégorie d’électeurs, enfin souvent par manque de courage face aux syndicats pratiquant le chantage et la prise d’otage.

On triche avec les chiffres, on ment en affirmant tous les deux trois ans que l’on a fait une (fausse) réforme, que l’on recommence ensuite. On triche avec les Français en cachant les inégalités et les privilèges (de moins en moins facilement, tant il y en a), en leur faisant croire que le système est égalitaire sans dire qu’un quart de la population n’est pas en répartition, que leur retraite est garantie et à la charge des autres qui ont déjà leur propre retraite à financer. On minimise les différences : on l’a vu pour les 6 derniers mois, ce n’est pas un peu plus, c’est beaucoup plus. 5 ans de différence pour l’âge moyen de départ.

On nous dit qu’on donne plus à certains car leurs primes ne sont pas comptabilisées pour la retraite, alors que justement les autres n’ont pas ces primes ! De plus, personne ne le relève : c’est alors une distribution de droits en s’affranchissant des cotisations correspondantes. On distribue des droits pour la pénibilité qui ne sont que des promesses que d’autres devront financer demain, alors qu’il serait plus honnête de rémunérer à la hauteur de la pénibilité, les retraites étant alors naturellement meilleures avec la cotisation en rapport. Chez les médecins on a promis 2/3 en plus à la retraite contre une baisse de revenu, et ceux qui ont à financer cette promesse ne peuvent faire mieux que de la diviser pas deux.

Enfin cela permet à nos élites de cacher leurs propres régimes, faisant croire qu’ils cotisent comme tout le monde (au taux réduit de la fonction publique) tout en pouvant équilibrer par ailleurs les comptes de la caisse par des tours de passe-passe trop faciles, où le conflit d’intérêts ne doit pas être évoqué. Ils peuvent de plus doubler ces droits, pas grave, c’est vous qui payez.

Pour terminer je vous offre la dernière que je viens d’apprendre il y a quatre jours. C’est un ami, médecin, avec plusieurs mandats locaux. Il a liquidé ses retraites hôpital, Carmf et tous les régimes de base et complémentaires, dont l’Ircantec hôpitaux, mais pas l’Ircantec élus, pour continuer ses mandats en acquérant des points ! Je lui dis que c’est impossible. Dans la même caisse deux dossiers ? Il me dit que oui. Tous les Français ne peuvent acquérir de droits une fois un régime liquidé sauf les élus ? Je lui dis que la dernière loi prévoyait cela pour tous, et qu’à ma connaissance il y a eu un amendement pour pour les militaires, mais pas pour d’autres catégories. Cela me paraît tellement illégal que je lui ai fait répéter trois fois.

Quand on fait soi-même les lois, tout est possible, faites ce que je dis, mais pas ce que je fais. Quel mépris pour les citoyens de la part de ceux qui devraient donner l’exemple. Une catégorie de Français a détourné à son avantage en la prenant dans l’autre sens la « règle d’or » ou » éthique de réciprocité » que l’on retrouve dans toutes les religions et cultures depuis des millénaires : traite les autres comme tu voudrais être traité.

Gérard Maudrux

Répondre à bleu Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Un commentaire

  1. On leur dit aux libéraux trentenaire qui cotisent plein pot qu’il n’ a personne derrière eux ?
    Dans une pyramide de Ponzi il vaut mieux être à la pointe 🙂

  2. Plus je vous lis, plus je me dis qu’il ne faut pas seulement écrire un livre mais passer vos messages là où il peuvent être lus par un grand nombre de personnes.
    Vous devriez vous présenter à la présidentielle pour avoir une possibilité de vous faire entendre dans les médias. Juste raconter des exemples simples et imagés… Bon courage !

  3. ” pilleur d’état” de Philippe Passot dénonce bien les abus legaux de nos elus , ces gens qui votent les lois et qui sont l’une des rares “professions” a qui on n’exige pas de casier judiciaire vierge , et qui ont le droit de cumuler cinq retraites . Ce sont ces personnages qui détruisent la démocratie