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Brexit et euroseptiques

Les anglais viennent sans doute de rendre un grand service à l’Europe, pour deux raisons.

La première est que l’on verra ce qui se passe quand un pays en sort. On a entendu avant et maintenant tout et n’importe quoi, personne n’en sait rien, les experts se trompent toujours, quant aux devins, statistiquement la moitié aura raison, l’autre moitié tort. Au moins on saura si c’est bien et si on peut suivre, sinon on reste. Il faudra un peu de temps, mais moins qu’on ne le pense. Merci d’ouvrir le chemin.

La seconde est que cela va pousser l’Europe à se remettre en question pour éviter un effet dominos, surtout si les anglais s’en portent bien. Peut être va t-elle se demander si au lieu de légiférer sur la couleur des fraises ou la longueur des bananes, il faudrait peut-être faire l’Europe. En 40 ans, nous n’avons toujours pas d’Europe politique, fiscale, sociale, économique (si peu), militaire. A ce rythme à quoi bon continuer sinon à faire semblant ? Merci de bousculer nos dirigeants, cela sera t-il suffisant pour qu’ils changent ?

Pour le reste, je trouve que cela manque de bon sens. Nombre d’affirmations m’interpellent. On a brandi la perte du marché unique qui va causer la perte de l’Angleterre, mais quand on sait que le premier partenaire commercial de l’Allemagne est les Etats Unis, qui à ma connaissance ne sont pas en Europe et n’ont pas signé le traité, j’ai l’impression qu’on nous raconte n’importe quoi sur ce marché unique, ignorant la mondialisation. Il y aura demain toujours autant d’anglais et d’européens qui consommeront, produiront la même chose. Je pourrai toujours acheter anglais si je le veux, y aller si je le veux, même chose pour les anglais ou n’importe quel citoyen du monde, brexit ou pas brexit. Certaines choses seront plus chères, d’autres moins, mais l’équilibre sera toujours peu ou prou le même, et l’homme s’adapte à tout. L’Angleterre existait avant, elle existera après, l’Europe n’est pas le centre du monde, ni une condition de survie pour un Etat. Ils n’avaient même pas l’Euro, et ne s’en portaient pas plus mal.

Quand je vois qu’on fait rentrer des pays dans l’union qui sont de véritables boulets que l’on va traîner pendant des décennies, cela m’inquiète plus que la sortie des anglais. Quand je vois le « sauvetage » de certains pays à coup de centaines de milliards, pour qu’il achètent chinois ou indien (nous sommes trop chers pour eux) avec notre argent, je me demande à quoi cela sert.

Il y a 3 catégories d’européens. Les europhiles, les eurosceptiques, et les euroseptiques. Désolé, je ne vois pas en quoi le libre choix des anglais va réellement influencer ma vie quotidienne de français, à part quelques secteurs qui seront compensées par d’autres. Les conséquences des propos des euroseptiques par contre, eux, vont plus l’influencer que les conséquences pratiques d’un référendum qui n’a pas déplacé les côtes anglaises.

Gérard Maudrux

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Un commentaire

  1. Je comprends ce qu’est un eurosceptique ,mais personne ne paraît étonné de votre néologisme (?) euroseptique ; est-ce de l’humour ? J’ai cru au début que c’était une coquille , mais vous parlez bien des 3 catégories d’Européens : europhiles , eurosceptiques et euroseptiques … j’en perds mon latin… pouvez vous nous éclairer ? Encore merci de vos actions et billets , toujours instructifs

    • Non ce n’est pas une coquille, mais je m’amuse. Je savais que certains ne remarqueraient pas la subtilité orthographique, c’est pourquoi à la fin j’ai bien précisé les 3 catégories pour interpeller.
      Il y a donc les europhiles, pour, on connaît. Les eurosceptiques, le contraire, contre. Ces deux catégories sont respectables. Et puis il y a les euroseptiques, toxiques pour l’Europe alors qu’ils sont pour car ils en vivent, mentent, racontent n’importe quoi pour éviter l’hémorragie pour qu’on ne puisse pas savoir où est le positif et le négatif, et son même prêts à saboter la sortie pour aggraver les choses.
      Pour continuer à vous amuser et pour ceux qui n’auraient pas encore compris, il y a quelques années dans la maison paternelle, la mairie avait émis des doutes sur le fonctionnement de notre fosse septique suite à une pollution de la source du village. Nous lui avions répondu que nous étions aussi sceptiques que notre fosse. L’histoire a montré que nous avions raison d’être sceptiques et non septiques, un mouton mort ayant été retrouvé dans le périmètre de captage de la source.

  2. C’est grace a la paix qu’il y a l’Europe.
    Ce n’est pas grace a l’Europe qu’ily a la paix.
    Mais il faut reconnaitre que c’est trompeur!

  3. Je partage cette analyse à un détail prés, le Royaume Uni a été précédé par le Groenland sorti de l’Union en 1982 et qui se porte plutôt mieux dehors que dedans

    • Merci de cette info qui a échappé à tous et que les septiques cachent. Espérons que cette fois ils ne feront pas tout pour que cela se passe le plus mal possible pour éviter l’hémorragie.

    • Votre précision m’a intéressé. Outre le Groenland, la Norvège et l’Islande ne son pas non plus dans l’UE (ainsi que la Suisse). Ces deux pays ont un taux de croissance très supérieur à celui de l’Union, le PIB/hab aussi, et le taux de chômage y est inférieur à 2,5%. Ils n’avaient point besoin de l’indispensable “marché unique”. L’Islande a souffert en 2008 à cause de ses banques, elle s’en est remise mieux que nous, et le premier ministre a dit que s’ils avaient été dans l’Union avec ses règles, ils n’auraient pas pu s’en sortir. D’où leur retrait d’un processus d’intégration en cours.

  4. Article remarquable de lucidité de Gerard Maudrux. A aucun moment les fonctionnaires européens de Bruxelles, chantres de la pensée unique, ne songeraient à se remettre en cause. Le résultat du Brexit vient de leur propre arrogance. Et l’avenir montrera qu’un supposé grand malheur, en obligeant à sortir d’un immobilisme délétère, ne pourra qu’être bénéfique pour tous.

  5. La paix. Oui, il faut en parler. C’est l’argument cardinal des euro-béats comme Cohn-Bendit. Qui ne connaît pas la phrase de Paul Valery :
    ” La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent ”
    Retenons le mot profit. Je pense que le principal facteur de paix est l’existence de l’arme nucléaire. Elle remet en cause l’idée du profit de ceux qui déclenchent la guerre.
    La guerre s’est déplacée sur le terrain économique. Et l’UE favorise cette guerre économique.

    • pour un médecin c’est pas fort comme raisonnement, car vous êtes entrain de nous dire la bétise colmatante qui dit que si tu veux la paix prépare la guerre, ou mieux vous le dites très clairement, l’arme atomique, ou nucléaire cad celle qui a détruit HIROSHIMA est une colombe!!

  6. PARIS, 25 juin (Reuters) – Le gouverneur de la Banque de France a maintenu samedi sa prévision d’une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France d’au moins 1,4% cette année, malgré la victoire du camp du “Brexit” au référendum britannique de jeudi. CQFD

    “Les conséquences seront plus lourdes pour le Royaume-Uni que pour l’Europe, c’est d’abord un sujet britannique”, observe le directeur de la BDF.
    “Le Royaume-Uni risque de perdre, si nous ne trouvons pas d’accord commercial, 450 millions de clients, parce que c’est ça le grand marché intérieur. La France, elle, risque de perdre 60 millions de clients”.
    Le marché unique n’empêche pas les USA d’être le premier partenaire commercial de l’Allemagne, l’Angleterre restera un partenaire comme les autres, quoi qu’on nous raconte.

  7. La PAIX, voilà ce que l’Europe à amener. C’est déjà pas si mal mais à quel prix?
    En terme de démographie, les 750 millions d’européens pèsent plus que les populations séparées des pays de l’union.
    Mais, nous n’existons pas face au plus de 4 milliards d’asiates!!!!
    Il faut je crois changer de paradigme est penser l’Europe en terme de fédéralisme comme le disait très justement le Général en 1947!!!!(que de temps perdu) :
    “J’entends une Europe formée d’hommes libres et d’Etats indépendants, organisée en un tout susceptible de contenir toute prétention éventuelle à l’hégémonie et d’établir entre les deux masses rivales l’élément d’équilibre dont la paix ne se passera pas.”
    Discours prononcé à Lille le 29 juin 1947, in Discours et Messages, pp. 87-88
    Voila pour ma contribution dans ce débat où Monsieur Gérard Maudrux, et je le félicite, fait toujours preuve d’un grand bon sens et d’une justesse qui montrent sa tête bien faite, pleine de lumières et d’esprit, une tête à vues et à principes comme disait Portalis de Bigot de Préameneu, son compagnon pour écrire le code civil en 1788.
    Daniel

    • Je pense que dans le monde moderne et civilisé, la guerre de supériorité et territoriale est un anachronisme qui a disparu naturellement. Même sans Europe, j’imagine mal la France, l’Angleterre ou l’Allemagne envahir l’autre pour ces motifs. La paix est peut être un élément de l’aboutissement d’une civilisation. Elle persiste chez ceux qui ne sont pas encore à maturité, ou quand un contentieux a plus d’un siècle. Reste la guerre de religion. Il n’y a pas d’armée européenne pour l’extérieur (mais as t-on le droit d’intervenir, sinon le “devoir d’ingérence” de notre confrère, devenu aujourd’hui quelque part vital pour notre civilisation). Echec pour notre sécurité à l’extérieur, idem pour l’intérieur, chaque pays a sa propre attitude et ses propres lois, quant à la coopération policière, on a vu avec les derniers évènements, que deux pays aussi proches que la France et la Belgique en étaient encore au stade zéro pour les échanges d’informations. L’Europe, telle que nous la concevons n’existe pas. La couleur des fraises, la longueur des bananes et les tentatives de suppression des fromages au lait cru, ce n’est pas pour cela qu’on a voté.

  8. Je ne suis pas aussi optimiste que vous quant aux capacités de l’UE à se remettre en cause. Quand tout projet, toute décision, toute philosophie est décidée indépendamment des peuples, l’habitude est prise de fonctionner dans un entre-soi hermétiquement clos.
    On dit beaucoup que les gens diplômés, ouverts à la mondialisation sont pro-européens et que les gens moins cultivés et plus traditionnels sont hostiles à l’UE
    Mais a-t-on pensé à la chose suivante : l’UE a de gros besoins financiers pour subventionner les pays et les régions moins développés, pour financer le fonctionnement de ses institutions et de ses personnels, pour participer à l’entraide internationale, pour financer des projets divers et variés etc
    Mais qui paie ? Qui profite de ces mannes ? Je pense que beaucoup de gens comprennent que ça leur coûte cher et que ça ne leur rapporte rien sinon des tracas supplémentaires.

    • Je ne suis pas optimiste et j’ai les mêmes doutes que vous quant à leur capacité à se remettre en cause, mais ils n’ont pas d’autre alternative, sinon de mentir encore plus. J’irai aussi plus loin en disant que non seulement nos dirigeants, les europhiles aux manettes doivent se remettre en cause, mais nous aussi. C’est l’occasion de se dire : et si les anglais avaient raison ? Quels sont les bienfaits objectifs du maintien, hormis de belles paroles de diplômés. Les anglais plus près des réalités et du sol (paysans, retraités) ont voté pour la sortie, ceux qui planent plus au dessus ont voté contre.

  9. On constate l’influence néfaste de la pensée unique.
    Une seule approche d’un problème (la quasi totalité des interventions médiatiques nous ont expliquée la catastrophe engendrée par la sortie, pas un mot sur les bénéfices…), toute idée différente de la pensée du microcosme parisien est immédiatement châtiée : “stupide, idiote, fachisante …” et j’en passe.
    Les anglais ne sont pas stupides, les peuples ne sont pas plus stupides que leurs dirigeants et ne pas les écouter, ne pas faire confiance aux compétences du terrain est un mal français dramatique.
    On peut facilement extrapoler à la destruction du système sanitaire français détruit par des “élites” dont l’ennemi est l’acteur de terrain.
    Bonne chance aux anglais, sans inquiétude pour leur avenir.

    • J’ai oublié d’ajouter que les euroseptiques n’ont d’autre alternative que le mensonge. Si cela se passe bien, tout le monde aura de bonnes raisons de quitter l’Europe, donc il faut annoncer la catastrophe, même si c’est bien on majorera les effets néfastes, on masquera les bénéfices, pour la survie d’une europe dont je me demande si tout n’est pas basé depuis le début sur ces mensonges. Qui croire ? Les faits. Je ne suis ni europhile, ni eurosceptique. Si perdre un peu de libertés et d’autonomie pour avoir plus, pourquoi pas ? Pour le moment je ne vois que des contraintes et des dépenses supplémentaires, loin de compenser les avantages s’il y en a, j’ai du mal à les cerner dans les faits.