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Présidentielle : les grands absents.

Les 4 duels possibles dont des plus surprenants, le taux d’indécis encore important, montrent le désarroi profond des Français. Après des décennies d’alternance droite gauche sans changement dans la vie quotidienne et sur les finances de notre pays alors que l’évolution de la France dans le monde en montre la nécessité, quelle est la réponse des 11 candidats ?

Le médecin sait que le bon traitement passe par une première étape : le bon diagnostic. Tous les candidats ont leurs idées pour soigner une France et des Français malades, mais aucun ne s’est posé la question : quel est le mal de la France, on le sait, mais quel est le mal des Français ? Pourquoi l’alternance n’a rien changé ? Parce que ni l’un ni l’autre ne gouverne, quel que soit le Président ou l’Assemblée. Alors qui gouverne, qui est responsable ? Voilà la question qui peut déboucher sur un bon traitement, autre que la démagogie comme remède miracle pour tout.

Aucun des candidats ne parle de ces conseillers, ces hauts fonctionnaires, ceux qui proposent aux ministres compétents en tout surtout en rien, leur expliquent qu’il n’y a pas d’autre solution, ceux qui font et défont les lois, qui veulent bien les appliquer ou ne pas les appliquer en ne publiant pas les décrets correspondants. Le vrai rôle et pouvoir des élus, de ces hauts fonctionnaires n’a pas été abordé dans cette campagne.

Les khmers rouges n’étaient que quelques centaines, ils ont quand même réussi à détruire un pays entier. Chez nous quelques centaines de personnes sont infiniment plus actifs que nos 500 000 élus, sans avoir aucune légitimité démocratique, ni même d’expérience de la vraie vie. Le changement ne peut commencer que par là, et si rien n’est fait, rien d’autre ne changera. Ces personnes qui ont tous les pouvoirs se distribuent les postes entre eux. Le Président et le premier ministre distribuent les postes de ministres entre amis, et les conseillers des deux premiers font de même en choisissant ceux des ministres, pour faire le travail.

Leur formation ? Pour la très grande majorité, une école pour administrer, victime d’un emballement incontrôlable. Le numérus clausus des médecins pour diminuer les dépenses de santé, ils connaissent, le numérus clausus à l’ENA pour diminuer les dépenses de l’Etat, connaît pas. Pire, on les paye pour les former (non les médecins ne sont pas payés pour leurs études comme on l’a entendu récemment, eux oui), et pire « en échange », on leur garantit un travail à vie ! Ce devrait être le contraire. On en a déjà trop, mais l’Etat continue d’embaucher à tout va, même s’il ne sait pas ou les mettre. A l’IGAS, plus de 30% des effectifs n’ont pas de travail dans l’organisme, et pourtant il continue d’embaucher chaque année. De grandes institutions sont obligées de mettre en place comme on l’a appris dans un ouvrage récent, des « étagères à énarques », nom donné en interne à des créations de postes pour des gens dont on se sait que faire mais qu’on embauche par obligation. De la folie pure.

La France étouffe sous l’administration qui décourage le travail et les Français, et que fait-on ? On forme encore plus d’administrateurs, on les embauche et pour les occuper, on crée des tâches qui nous étouffent encore plus. A qui on a confié la mission de simplification ? Aux mêmes, et pourtant Einstein le disait bien : vous ne pouvez régler les problèmes avec ceux qui les ont créés. Plus que la suppression de la moitié de ses élus, pour respirer, la France a besoin que l’on supprime la moitié des ces hauts fonctionnaires. Il faut cesser de se croire obligés de les embaucher systématiquement sans besoin et à vie. Un séjour préalable de 10 ans dans le monde du travail leur ferait du bien et changerait peut être leur vision des choses et leur permettrait de savoir de quoi ils parlent. Imagine t-on de se faire soigner par des médecins qui n’auraient qu’une formation théorique, sans avoir jamais vu de malade ?

Pour changer la France a d’abord besoin de changer son mode de fonctionnement. Personne dans cette campagne n’a proposé ni même évoqué cela, il est donc peu probable que les choses changent demain, quel que soit l’élu.

Gérard Maudrux

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Un commentaire

  1. On devrait élire d’abord les députés, pour définir une majorité.
    Puis ces députés choisiraient ou éliraient le responsable de la politique du pays.
    Et le suffrage universel ?
    Un système inadapté!

    Mais impossible de critiquer quand les 2 fils du fabriquant de notre
    constitution boiteuse (dont un médecin, professeur même) sont là à parader.

  2. très bonne analyse et n’oublions pas le super pouvoir des médias qui n’ont
    toujours pas pigé cela …..ou ne veulent pas le dire

  3. Tout a fait d’accord avec vous , j’ai partagé durant mes activités professionnelles vos idées et vos jugements et je suis consterné par les agissements de nos administratifs a votre égard et vis à vis de tous nos confrères ,je constate les dégâts depuis ces dix années de retraite,et les plaintes de mes confrères qui m’ont succédé ,que pouvons nous faire? Rentrer en résistance et utiliser une arme que nous répugnons , à savoir une grève massive et prolongée ,du jamais vu , pour obtenir des pouvoirs publics une charte médicale et un grenelle de la médecine ,si l’on ne veut pas assister a notre exécution programmée .Je serais avec vous , a bientôt cher confrère .

  4. Excellent diagnostic, comme toujours.
    Mais comment mettre en place, ou même simplement envisager, un traitement ?

  5. Un exemple rigolo: pour ma retraite de fonctionnaire (HU) j’ai déposé une demande de validation pour un remplacement de PH fait avant d’avoir mon poste d’assistant.
    Demande déposée en décembre 2008
    Réponse (positive) reçue en avril 2016
    Étonnant non ?

  6. Très éclairant,et très bien exprimé, comme d’habitude…
    Mais, si nous sommes quelques uns à penser ,et dire la même chose ,sans relai et potentialisation médiatique…nous n’existons pas !
    Comment toucher les moutons?

    • Si le médecin était un psychiatre ,à une époque ambassadeur au Sénégal, et qu’il veuille bien s’impliquer dans la bourrasque médiatique…
      ce serait “bien”, comme on dit dans le sud
      amicalement

  7. Comme je suis d’accord avec vous ! Et même FF que j’ai soutenu jusqu’au bout n’en parlait pas … C’est dire si le mal est profond car on peut lui reprocher bien des choses mais pas de manquer de courage.

  8. tout a fait d’accord avec vous mais parfaitement irréalisable étant donné que ce sont eux qui tiennent les rênes du pouvoir, les hommes politiques passent, les hauts fonctionnaires restent.