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Réforme des retraites (3) : comment manipuler les chiffres

La réforme des retraites proposée, à recettes identiques, promet un résultat magique, où tout le monde gagne, le taux de remplacement passant pour beaucoup de 50 à 70%, et les fonctionnaires et régimes spéciaux qui voient leur cotisation passer de 75 à 28% toucheront également plus. Pour mieux comprendre ce qui peut se cacher derrière une bonne présentation, voici quelques trucs pour manipuler les chiffres.

Premier exemple : prendre les chiffres à l’endroit ou à l’envers, comme cela nous arrange. Je l’ai pratiqué pendant longtemps pour la compensation nationale. Chez les libéraux, quand on encaisse 100 dans le régime de base, on reverse 37,5 au titre de la compensation. Première présentation, celle des autorités : la compensation représente 37,5 % de la cotisation. Je présente cela autrement : quand je verse 62,5 à mes retraités, je verse 37,5 aux autres régimes, soit 60% du montant des retraites. En passant de 37,5% à 60%, la première présentation décrit une situation presque acceptable, la seconde une situation inacceptable, et pourtant les chiffres sont les mêmes.

Autre exemple pour masquer une augmentation de cotisation ou une baisse de retraite : le taux d’appel. Comme dans beaucoup de caisses, les cotisations Agirc-Arcco sont « appelées à 125% ». Quand j’ai une cotisation à 10%, que je n’ai pas le courage de vous dire que je l’augmente de 25%, je garde le taux de 10%, et « j’appelle » à 125% », soit une augmentation de la cotisation qui reste pourtant à 10%. Vous pouvez le voir comme une augmentation de cotisation, d’autres peuvent le présenter comme une baisse des retraites : à cotisation égale, l’ai moins de points, donc moins de retraite.

Autre manière plus subtile pour en même temps augmenter les cotisations et baisser les retraites : modifier le plafond. Exemple, pour 100 000 € de revenu, 10% de taux de cotisation, vous avez droit à 10 points. Je porte ce plafond à 110 000 €, je garde le même taux de cotisation. Avec le même revenu, 100 000 €, je n’ai plus que 9 points, et celui qui est à 50 000 € n’a plus que 4,5 points au lieu de 5. Ainsi je taxe un peu plus les plus hauts revenus, mais surtout je baisse l’ensemble des futures retraites de 10%, sans que cela se voit de suite. Augmentez le plafond de la SS plus que l’inflation, et le tour est joué.

L’allongement de la durée de cotisation, je vous l’ai montré a peu d’effet sur l’équilibre ne faisant que repousser le problème tant que l’espérance de vie augmente. C’est en fait une baisse des retraites qui ne porte pas son nom. En effet augmenter cet âge change peu ou pas les comportements. Chez les libéraux, le passage de 65 à 67 ans n’a pas changé l’âge moyen de départ. Dans le rapport, les prévisions COR donnent à peu près le même résultat, avec une stagnation en dessous de 65 ans. En augmentant l’âge du taux plein, les gens partant toujours à 65 ans, de moins en moins auront le taux plein, ce qui fera baisser la retraite moyenne servie.

Chaque exemple pratique cité par le rapport peut avoir sa propre technique pour arriver à un faux résultat. Prenons le premier, David (p 19). Il touche depuis toujours 1,5 SMIC. Avec la réforme il va toucher à la retraite 70% de son dernier salaire, or aujourd’hui, pour une cotisation inchangée (28,12%) le taux de remplacement est de 50% (p 136). Il va donc toucher 40% de plus ! Cherchez l’erreur. Pas évident. Pour le calcul de sa pension, c’est le dernier Smic, qui a été multiplié par 43 années de cotisations, or en 1976 (première année d’activité), le Smic était exactement 6,5 fois inférieur à aujourd’hui. On me répondra que l’on fait le calcul en euros constants, on peut donc les faire en « Smic constant ». C’est vrai. Pour les projections retraites on ne tient pas compte de l’inflation : quand on dit que si vous avez 1 000 aujourd’hui, et que dans 20 ans les projections vous donnent 1 000, ces 1 000 seront peut-être 1200 avec l’inflation, mais équivalant à 1 000 d’aujourd’hui. Le truc ici est que depuis 1976, le Smic a grimpé plus vite que l’inflation, x 4,3, pour 6,5 pour le Smic. Dans l’exemple, le nombre de points acquis par David en 1976 a été gonflé de 50%. Il aurait fallu prendre le SMIC moyen sur 43 ans pour calculer la vraie retraite, le taux de remplacement tomberait alors de 70 à 50%, plus crédible.

Pour Céline (p 27), on majore l’avenir et donc le calcul de sa future retraite, en augmentant son revenu de 300 € l’an, soit 2 fois plus que les meilleures conventions collectives. Tout ceci n’est pas crédible, pas étonnant que tout le monde gagne. Pour les fonctionnaires, une partie du résultat est obtenu en les faisant cotiser plus longtemps, mais avec une cotisation divisée par 3, nous sommes loin du compte, de plus, avec les dérogation prévues, l’alignement de la durée de cotisation n’est pas pour demain, les décisions d’aujourd’hui seront remise en question demain avec un autre gouvernement et quelques grèves.

 Le gros de l’entourloupe est ailleurs, je pense l’avoir déniché, vous en avez la primeur car je n’ai pas vu ces constatations dans la presse ou venant de spécialistes (je n’ai peut-être pas tout lu). Il ne faut pas prendre les bons chiffres ou les sortir d’un chapeau.

Premièrement Monsieur Delevoye annonce partout que pour 10 € cotisés on a 1 point et qu’avec un rendement de 5,5%, ce point vaudra 0,55 € (si on est au taux plein, sinon c’est moins). Faux. Tout d’abord la cotisation sera de 28,12%, décomposée en 2 parties : une cotisation de 25,32% (plafonnée à 3 PSS) donnant droit à des points et une cotisation de 2,80% (sans plafond). Dans tous ses exemples, oublie simplement que la cotisation versée au régime n’est pas de 25,32 % mais de 28,12%. 

Ainsi si je gagne 100, pour lui je cotise 25,32, j’ai donc 2,53 points. Or la cotisation retraite est de 28,12%. La réalité : je gagne 100, je cotise 28,12 et non 25,32, par contre je n’ai pas 2,81 points, mais toujours 2,53 points. Ce ne sont pas 10 euros cotisés qui donnent 1 point, mais 11,11 euros cotisés qui donnent un point ! Et pour 10 euros cotisés on n’a pas 10 points mais 0,9 points, et si on a 0,9 points pour 10 euros au lieu de 1, le rendement n’est plus de 5,5% mais de 4,95% ! Je n’ai vu personne relever cette « erreur » depuis 2 mois. Signalons au passage que lors des premières réunions de « concertation », le rendement annoncé était de 5%.

Ensuite 4,95% est-il le bon rendement ? N’est-il pas gonflé ? Impossible de le savoir sans projections, toujours refusées à chaque demande. Un comble car chaque fois qu’une caisse veut apporter des modifications à un régime, la première chose que demande le ministère c’est des projections, pour savoir si c’est équilibré et combien de temps. C’est le B.A.ba de toute réforme.

Exemple pratique : mon cas, je suis Monsieur Moyen. Je cotise 100 € par an. Cela me donne donc 10 points, selon tous les exemples du rapport. Je cotise 44 ans, j’ai donc acquis 44×10 = 440 points, qui me donneraient une retraite de 440×0,55 = 242 €, toujours selon les exemples du rapport. Maintenant, qui me donne ces 242 € ? Les cotisants. Combien cotisent-ils ? 100 € en moyenne, comme je l’ai fait. Combien sont-ils ? 1,75 aujourd’hui (1,75 cotisants/1 retraité). Donc le régime universel encaisse 175 €, et me verse 242 € ? Où trouve-ton la différence que l’on prétend pouvoir me donner ?

En corrigeant la première manipulation, contrairement à ce qui est dit et écrit, pour 100 € cotisés je n’ai que 9 points, ce qui porte ma retraite pour 44 ans à 212 €, toujours pour 175 € disponibles. Nous sommes encore loin du compte. Ces 5,5% de rendement sont sortis d’un chapeau de magicien, ils ne semblent pas issus d’un calcul.

Qui a tort, qui a raison ? Je ne suis pas actuaire. Notons au passage que ces 100 de cotisation, correspondent à un revenu de 355 € avec une cotisation de 28,12%. Avec 175 € de recettes du régime, cela correspond exactement au taux de remplacement de 50% actuel, confirmant que mon raisonnement n’est peut-être pas faux.

Pour avoir la vérité, il faut des projections, que nous n’avons pas. Sans projections on ne sait pas si le régime est équilibré (dépenses=recettes) avec 5,5%, même 5%. Ces projections doivent être faites par des personnes totalement indépendantes, ce ne peut donc être le HCRR, le COR, ou la Cour des Comptes. Les caisses de retraite actuelles doivent s’associer pour financer un gros cabinet d’actuaires afin de déterminer le vrai taux et avoir un calcul crédible de nos futures retraites.

Pour terminer, le pire est à venir, car demain, quand je serai à la retraite et qu’il y aura 1,3 cotisants pour 1 retraité, que la recette sera de 130 € au lieu de 175 €, comment vais-je toucher mes 242 €, voire même mes 175 € ? Cette notion ne semble pas inscrite dans les exemples de futures retraites. Promesse de dupes ?

Gérard Maudrux

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30 commentaires

  1. Dans vos analyses, il me semble qu’il y aurait une erreur et une coquille.
    Erreur : Dans le cas de David vous prenez le taux de cotisation de 28,12% qui inclut les régimes de base et complémentaire. Or pour le taux de remplacement vous prenez 50% correspondant au seul régime de base. Donc en ajoutant la retraite complémentaire le taux de remplacement ne doit pas être loin des 70% voire plus.
    Coquille : Vous écrivez : « …. Ce ne sont pas 10 euros cotisés qui donnent 1 point, mais 11,11 euros cotisés qui donnent un point ! Et pour 10 euros cotisés on n’a pas 10 points mais 0,9 points, et si on a 0,9 points pour 10 euros au lieu de 1, le rendement n’est plus de 5,5% mais de 4,95% !…. ». Je présume qu’il faut lire « … Et pour 10 euros cotisés on n’a pas 1 point mais 0,9 points…. ».

    • Bonjour
      Ni erreur, ni coquille. Le taux de remplacement moyen est de 50%, on parle bien de RB + RC. Chez les médecins c’est moins de 40%, chez les fonctionnaires 75%. Rapport page 135 : « pour le régime général, le taux plein correspond à 50% du salaire moyen », on ne parle pas du RB, mais de la retraite globale. Pour le RB salariés, c’est 50% du salaire moyen des 25 meilleures années, plafonné à 50% du plafond de la SS. 50% est une moyenne nationale, certains ont 70%, d’autres moins (revenus supérieurs au plafond de la SS).
      Oui il faut bien lire « Et pour 10 euros cotisés on n’a pas 10 points mais 0,9 points », c’est d’ailleurs ce que j’ai écrit en toutes lettres. Delevoye écrit que pour 10€ cotisés on a 1 point, mais il ne prend que la cotisation à 25,32% pour donner des points. La cotisation réellement payée est bien de 28,12%, soit 10% de plus que ce qu’il prend en compte. Il faut bien payer 11,11 euros pour avoir 1 point, et si vous payez 10€, vous n’avez que 0,9 point, et le rendement est bien de 4,95%, non de 5,5% comme annoncé. Je trouvais cela tellement gros que j’ai fait vérifier par plus compétent, et c’est bien ça. Ils trichent dans le discours en occultant la cotisation de solidarité qui ne donne pas de points, or c’est la cotisation totale qu’il faut prendre.

      • Bonjour,
        Je persiste. Vous donnez le taux de remplacement de 40% pour les médecins. Mais combien de médecins gagnent seulement 1,5 SMIC. Moi aussi mon taux de remplacement a été de 50% (RB + RC) mais mes revenus étaient nettement supérieurs à 1,5 SMIC. Prendre le taux moyen national pour l’appliquer à un cas particulier n’est pas correct. Vous n’avez probablement pas l’expérience des taux de remplacement pour des faibles revenus. Plus le revenu est faible plus le taux de remplacement est élevé et inversement ce qui n’est pas le cas des fonctionnaires et régimes spéciaux qui ont un taux de remplacement de 75% de la base de cotisation.

        • Retraite moyenne : 32 500, revenu moyen 85 000, soit un taux de remplacement moyen de 38%. Il faut prendre les taux moyens et non les cas particuliers. En effet, avec les 2 tranches du RB, avec la part forfaitaire de l’ASV, les bas revenus ont un meilleur taux de remplacement, et à l’inverse les hauts revenus ont moins. Si vous prenez l’un pour faire votre démonstration, vous faussez les chiffres dans un sens, si vous prenez l’autre, vous faussez dans l’autre sens. Prenez l’un ou l’autre si vous voulez manipuler dans un sens ou l’autre, par contre en prenant la moyenne, il n’y a pas de manipulation. Ceci dit une moyenne est une moyenne, chaque cas au-dessus ou au-dessous est différent.
          Bien sûr que si j’ai l’expérience des faibles revenus, de leur meilleur taux de remplacement, mais ce que vous oubliez : à quel prix ? 36,2% de cotisation à 1 PSS, plus de 40% en dessous ! 22,4% à 3 PSS et 16,7% à 5 PSS. Normal d’avoir un meilleur taux en cotisant 2 fois plus, il faut comparer ce qui est comparable, d’où l’intérêt de toujours prendre la moyenne des revenus si on veut par exemple comparer le taux de remplacement avec d’autres professions.
          Un autre élément plus intéressant pour comparer est le rendement de la cotisation. Pour un PSS il est de 6,28% (3 régimes confondus), pour 3 PSS, il est de 5,17%. Alors on voit que le 1 PSS paye 63% de plus en taux de cotisation, mais son rendement n’est que de 21% supérieur. Malgré un taux de remplacement apparent supérieur, il est moins bien loti !

          • Le cas fictif de David est quand même un cas particulier, c’est pour cela que j’ai réagit. Tout à fait d’accord que la vraie comparaison doit se faire sur le rendement des cotisations en prenant en compte en gain la somme des pensions pendant l’espérance de vie à la retraite et en dépenses la somme des cotisations pendant la durée de cotisation.

      • Bonjour,
        Concernant la coquille, quand on se relit on ne la voit pas forcément car le cerveau élimine la coquille.
        Vous avez écrit: “Ainsi si je gagne 100, pour lui je cotise 25,32, j’ai donc 2,53 points (NDR 10€ = 1point). Or la cotisation retraite est de 28,12%. La réalité : je gagne 100, je cotise 28,12 et non 25,32, par contre je n’ai pas 2,81 points, mais toujours 2,53 points. Ce ne sont pas 10 euros cotisés qui donnent 1 point (NDR 10€ = 1 point), mais 11,11 euros cotisés qui donnent un point (NDR 11,11€ = 1 point)! Et pour 10 euros cotisés on n’a pas 10 points (NDR 10€ = 10 points, c’est la coquille car prix d’achat du point divisé par 10) mais 0,9 points (NDR 10€ = 0,9 point), et si on a 0,9 points pour 10 euros (NDR 10€ = 0,9 point) au lieu de 1 (NDR 10€ = 1 point), le rendement n’est plus de 5,5% mais de 4,95% !
        Si je suis le seul à voir une coquille, on ne va pas s’éterniser sur ce point car j’ai compris votre démonstration.

    • Rebonjour

      Autre moyen d’arriver aux 50% par un tout autre chemin, qui confirme la chose. Salaire brut moyen (2016, pas d’autres données INSEE) : 3 020 €, net 2 442 €. Retraite moyenne brute 1 472 €, nette 1 376 €. Donc un peu moins de 50% en brut, un peu plus en net. Toutefois ces chiffres sont faussés par les fonctionnaires et régimes spéciaux, qui font monter cette moyenne au-dessus de 50%, pour le régime général c’est moins. D’ailleurs les chiffres 2018 de la CNAV sont pires : retraite de base moyenne servie pour les 14 millions de retraités du régime général : 686 € / mois (brut ?). 20,5% du plafond de la SS. (https://www.statistiques-recherches.cnav.fr/montant-mensuel-moyen-de-la-retraite-globale-des-retraites-au-31-decembre.html )

  2. Bonjour,
    Je vais vous paraître vraiment rasoir, mais le nombre de cotisants à la CARMF, compte tenu de la féminisation de la profession, de la préférence pour le salariat, de la tendance à travailler à mi- temps, est imprévisible donc sans relation avec un numerus clausus. Ces cas de figures n’existaient pas en 1970. Comment faites-vous pour vous projeter?
    Vous pouvez me répondre directement sur mon mail car je pense que ma question n’intéresse que moi.

    • Bonsoir
      Les prévisions à 30, 40 ans sont très fines et se vérifient toujours à 1 ou 2% près. Pour ce qui est de la désaffection de la médecine libérale, nous ne l’avons jamais constaté, contrairement à ce que l’on peut penser. Tout le monde le dit, sauf les chiffres. L’an dernier, encore, 5 500 nouveaux affiliés, comme les années précédentes, c’est stable et proportionnel au numérus clausus 11 ans avant (les courbes de numérus et d’installation sont superposables, avec 11 ans de décalage). Ces 5 500 nouveaux affiliés correspondent à un numérus clausus de 7 000 en 2007. Dans 11 ans, il y aura 6 285 nouveaux inscrits (numérus à 8 000 l’an dernier). Ce chiffre n’est pas pour autant acquis, il est remis en question et lissé chaque année en fonction des changements de pratiques. Sur 20 à 30 ans, le résultat est très précis. Idem pour la féminisation, on sait quel pourcentage de femmes inscrites en première année, en fonction des années précédentes on sait si ce pourcentage monte ou baisse, et on reprend chaque année.On sait combien n’arriveront pas au bout des études, on sait combien seront diplômées mais ne s’installeront pas, etc, et ces pourcentages sont corrigés chaque année en fonction de l’évolution. Sur 20-30 ans et plus c’est également très précis.
      C’est vrai que le numérus n’est pas connu, mais il ne varie pas brutalement, cela s’étale sur des années, et on sait si la tendance est à la hausse ou à la baisse, et on corrige chaque année. Je me souviens avoir retrouvé une fois une projection faite 25 ans plus tôt, l’erreur sur 125 000 actifs était de 1 000, soit 0,8%.

      • bonjour,
        Est ce que la désaffection de la médecine libérale toucherait surtout la médecine générale ? Avons nous les chiffres de la carmf par spécialité ?
        meilleures salutations

  3. Bonjour.Les nombreux médecins retraités actif cotisant sans aucun droit verront ils leur cotisations enfin reconnues dans ce nouveau systeme? Merci.Bien amicalement

    • Oui, c’est prévu : fini la cotisation sans droits. Ce n’est pas pour autant que cela doit faire accepter la réforme, mais c’est une grande avancée à exploiter sans réforme, car c’est la reconnaissance officielle d’une anomalie à corriger. Le mode d’emploi a été étudié et est décrit. Yaplusqu’à faire un décret.

  4. Bonsoir,
    Je vous remercie pour votre réponse très claire.(au passage, je comprends aussi la position de Thomas qui ne s’intéresse pas à la réserve d’autant que jeune médecin, il n’y a pas participé).
    Mais dans votre réponse, vous évoquez un passage du numerus clausus de 3500 à 7500. Je n’ai lu nulle part une telle évolution d’autant qu’elle sera fixée par chaque ARS chaque année donc de ce fait imprévisible. Enfin, et vous le dites et démontrez très bien, cette réforme est trompeuse et tout le monde, même extra-médical, le sait.

    • Bonsoir
      De 1970 à 79 le numérus clausus était supérieur à 8 000 (jusqu’à 8 656). Ces confrères sont actuellement à la retraite, ce qui fait beaucoup d’allocataires à financer avec des générations d’actifs moins nombreuses , numérus à moins de 4 000 de 1988 à 2001 (descendu 2 ans à 3 500), tous en activité à ce jour. Ça c’est le problème actuel, qui va s’améliorer, car le numérus est remonté à plus de 7 000 depuis 2006, et même 8124 en 2017 et 8 205 en 2018. Quand cette génération à plus de 7 000 sera en activité, c’est la génération 3 500 qui sera à la retraite, donc beaucoup d’actifs pour moins de retraités, l’inverse d’aujourd’hui. C’est pour cela qu’après 2035, plus besoin de réserves, la démographie sera excellente, il faudrait même diminuer le numérus aujourd’hui, car on est en train de refaire les mêmes erreurs qu’il y a 40 ans, qui conduiront à un excès suivi d’une pénurie.

  5. Pour compléter le Dr MAUDRUX dans ses dernières lignes : “….Pour terminer, le pire est à venir, car demain, quand je serai à la retraite…” au 01/01/2025 si ma retraite de medecin généraliste sera de 2600€ (moyenne actuelle) et celle de mon épouse 1400€ …la personne veuve (mari ou épouse) conservera 70% de la totalité des droits à retraite dont bénéficiait le couple, soit 2800€ dans notre exemple . MAIS…Faisons le calcul pour ce couple:
    Mr décède en 1er:
    Mme aurait bénéficié avec l’ancien système de 1300 (50%)+1400= 2700€ contre 2800€ avec le nouveau donc elle est gagnante de 100€.
    Mme décède en 1er
    Mr aurait bénéficié avec l’ancien système de 2600€ +700€ (50%)= 3300€ contre 2800€ avec le nouveau donc il est perdant de 500€.
    Je laisse bien sûr au Dr MAUDRUX le soin d’apporter des précisions à ce raisonnement. Quoiqu’il en soit pour les futurs retraités, faites vos comptes et…longue vie à tous.

    • J’ai la même lecture que vous : pour le conjoint survivant “70% des retraites du couple, 70% de chacune des retraites”. Pour un couple avec 2 retraites : avant réforme pour le conjoint retraite pleine + 60% de réversion (à la Carmf), après réforme 70% de la retraite + réversion à 70%. Ou encore : la retraite propre passe de 100% à 70%, la réversion passe de 60 à 70%. Il prétend améliorer les réversions en passant de 54-60% à 70%, mais au passage il confisque 30% de la retraite propre pour améliorer de 10-15% les droits indirects. J’ai l’impression qu’on prend les assujettis pour des nuls en calcul, voire pour des idiots. Ceci dit pour un couple avec un seul revenu, il y a petite amélioration, mais c’est une situation de moins en moins fréquente quand un revenu ne suffit plus à faire vivre un couple avec 2 enfants. On reprend plus qu’on ne donne.

      • Au début de la concertation sur les retraites, certains avaient suggéré de supprimer les pensions de reversion ce qui auraient été profondément injuste par rapport à ceux qui ont fait le choix d’élever leurs enfants il y a 45 ans. Entre le système actuel et rien, la règle d’une reversion dans la limite de 70% des pensions communes me paraît équitable.
        Par rapport aux cas donnés par Duningue, je m’étonne que vous n’ayez pas relevé une erreur. Mr n’aurait pas bénéficié avec l’ancien système de 2600€ +700€ (50%)= 3300€ car pour la reversion de la pension de base il faut des ressources inférieures à un plafond, ce qui n’est pas le cas de l’exemple cité. Donc Mr aurait 2600€ + 60% des retraites complémentaires de son épouse.

        • Je n’ai pas repris le calcul donc je ne sais pas si c’est juste ou faux. Je suis resté sur le général qui confirme l’esprit et le résultat du calcul. Avant c’est 100% de la retraite + réversion de 54 à 60% (selon régimes), après c’est 70% de la retraite + réversion de 70%, donc en donnant 10-15% de la retraite en plus via la réversion, on sucre 30% des droits directs.

          • Ce n’est pas ce que j’ai compris. A mon avis, avec la réforme, après le décès du conjoint, le survivant conserve 100% de sa retraite et reçoit la réversion dans la limite que la somme des deux pensions (directe + reversion) = 70% de la somme des deux pensions avant décès. Mon cas personnel: j’ai 1000X de retraite mon épouse 100X de retraite compte tenu de notre choix d’élever nos enfants. Si mon épouse décède en premier je conserve ma retraite de 1000X (pas de reversion car 1000X > 70% de 1100X). Ma retraite n’est pas réduite à 70% de 1100X (-23%). C’est ce que j’ai compris. Est-ce faux?

          • Le texte dit (p 75) : « La personne veuve conservera 70% des droits à retraite dont bénéficie le couple, (soit la somme des 2 retraites) ».
            Conclusions :
            Un seul revenu : la réversion passe de 54-60% à 70%.
            Retraites identiques de 1000 : avant 1000 + 5-600 = 1 500-1 600 ; après 1 400 (2 x 700)
            Retraites de 1 000 et 400 : avant 1 000 + 250 (si second décède), 550-600 + 400 si premier décède, soit 1 250 et 950-1 000. Après : 1 400 x 0,7 = 980 dans les 2 cas.
            Je confirme donc mes propos : gain pour réversion seule (10-15%), mais perte si deux retraites : perte 10-15% si retraites égales, perte 25% si plus petite retraite décède avant, neutre si c’est l’autre.

          • Bonjour,
            Je n’ai pas de bouton “REPONDRE” sur votre dernier commentaire, donc je réponds ici.
            Continuons sur mon cas. J’ai une retraite de 1000X. Hypothèse 1 (fictive): je suis célibataire, je conserve ma retraite de 1000X jusqu’à ma mort. Hypothèse 2 (réelle): je suis marié, mon épouse à une retraite de 100X. Si mon épouse décède la première, ma retraite serait réduite à 0,7x(1000X+100X) = 770X (-23%). Hypothèse 3 (fictive): mon épouse décède avant ma liquidation de retraite mes droits à la retraite sont de 1000X quel serait le montant de ma retraite?
            Question, est-il possible de revenir sur une retraite liquidée? Je vais de ce pas vérifier la page 75.

          • C’est une proposition totalement ubuesque ! Hypothèse 1, OK. Hypothèse 2, ta retraite passe effectivement de 1000 à 770, réversion comprise. Délirant, mais c’est bien la lecture du texte : 70% de la somme des deux ! Tu dois donc divorcer après le décès de ta femme …. ! Hypothèse 3, ta retraite reste bien à 1000. Achève ta femme avant de prendre ta retraite. Ce délire vient d’un défaut que j’ai souvent constaté chez nos énarques : sûrs d’avoir raison, ils ne font jamais d’études d’impact de leurs décisions, et ils corrigent après si problèmes, d’où l’empilement de textes.
            Est-il question de revenir sur une retraite liquidée ? Bonne question, la réponse est non. Maintenant ce qu’a fait une loi, une autre loi peut le défaire. Ici, c’est sur la réversion que cela va jouer, pour ne pas toucher aux retraites liquidée : réversion plafonnée à 70% du total des 2 retraites, ce qui suppose qu’il n’y a pas de baisse possible, retour à la raison. Dans ce cas la mesure n’a aucun sens, car ne reste comme résultat (si on annule toutes les baisses) que la réversion portée à 70%, sauf si droits propres = retour à la situation actuelle avec conditions de ressources ?

    • Autre probleme: etant veuf apres 37 ans de mariage d’une fonctionnaire retraitee, je perdrai la reversion (50%) de sa pension si j’ai la chance de trouver quelqu’une et de me marier avec elle ou de vivre ensemble. Mon epouse est decedee il y a quatre ans, j’ai 69 ans, est-ce juste de me faire choisir entre l’argent et une vie a deux? La protection de la vie privee me semble ne pas etre respectee, on est d’ailleurs en 21eme siecle.

  6. Docteur Maudrux, en tant que jeune medecin je n’ai peut etre rien compris mais contrairement aux autres la question des reserves ne me preoccupe absolument pas…n’est il pas vrai que certaines caisses n’ont aucune reserve mais d’autres en ont aussi plus que nous ? par ailleurs ces reserves viennent si j’ai bien compris de placements certes judicieux des cotisations mais en tant que tel la caisse n’a rien produit c’est un simple placement ( devrais je dire trading ? ) et donc ces reserves sont dues aux marchés financiers et globalement à leur bonne tenue d’ensemble.
    Moi ce qui m’interesse plutot c’est le nouveau systeme , si je reprends vos elements du petit 2 tout le monde sera gagnant : moi ce que j’ai compris c’est que dans le nouveau système je toucherais moins mais je cotiserais moins aussi …est ce cela pour vous un marché gagnant ou un medecin gagnant devrais je dire ? quel est votre point de vue ? à titre personnel moins cotiser en repartition me donnera plus de liberté pour cotiser en capitalisation et si on s’en tient la ca me convient …et qu’adviendra t-il de notre specificité ASV ? enfin fermé definitivement ? alors la ca me conviendra doublement

    • Je pense que ma réponse vous fera plaisir. Lors du dernier CA de la Carmf en juin, s’est posé la question de cette cotisation, avec suggestion de syndicats : Vu que la cotisation va baisser, et vu que RB + ASV rentrent justement dans les 28,12% de la réforme, ne pourrait-on pas demander au lieu de rentrer RB+RC+ASV dans le RU, de ne rentrer que le RB et l’ASV, et garder le RC indépendant, en plus, gardant ainsi nos réserves ? Chiffré par le directeur, c’était cohérent, et l’ambiance allait dans ce sens. Je suis alors intervenu pour dire que depuis 25 ans je me suis battu pour une limitation des charges, et que si le RU faisait passer la cotisation de 36 à 28% pour 1 PSS, je trouverai scandaleux que la Carmf se batte pour obliger les confrères à conserver la cotisation la plus élevée de France (et du monde ?). J’ai dit que je ne renierai pas mon combat, que je le ferai savoir et que je ne mettrai plus les pieds à la Carmf si on allait dans ce sens.
      Comme vous je ne suis pas fixé sur les réserves, c’est un faux combat, en tous cas pas le plus important. Ces réserves sont là pour garantir les droits à leur niveau jusqu’en 2035 le temps que la population d’actifs remonte (passage du numérus de 3500 à 7500, et diminution de la génération 8500 actuellement à la retraite). Si ces droits sont garantis dans le RU, il est normal que les réserves y contribuent. Ceci dit, les réserves ne sont pas le fruit de placements financiers, mais le fruit de cotisations (il y a 20 ans, sur 9% de cotisation, 6% servaient pour les retraites, 3% allaient en réserves pour les futures retraites), que nous avons protégé et fait fructifier à une moyenne de 3% l’an sur 20 ans.
      Voilà pour le RU, si les droits sont garantis, et que l’on cotise moins, pourquoi pas ? Si l’on cotise moins, normal qu’on touche moins, dans la même proportion. Le problème est que ce ne sera pas dans la même proportion, car nous allons financer tous ceux qui n’ont pas fait de réserves, qui se sont distribués des droits non financés. Ainsi dans les prévisions, si la cotisation baisse de 22%, la retraite elle ne baissera pas de 22 %, ce qui serait normal mais de 38% ! Le compte n’y est pas. Le rapport fait croire que tout le monde gagne, j’essaye de démontrer que ce n’est pas le cas, ni pour les autres, encore moins pour nous et d’autres PL.

  7. Bonjour,
    Si j’ai bien compris, nos cotisations à la CARMF servent pour les retraites en cours des médecins, pour aider d’autres caisses en difficulté et pour constituer une provision de sécurité. Avec la réforme, l’aide aux autres caisses doit logiquement disparaître et la provision de sécurité n’a plus de légitimité.( à chacun de faire la provision qu’il souhaite). Alors, pourquoi hésiter: la CARMF est dans l’obligation morale de nous rendre ce bas de laine et rapidement car en fait il continue à se constituer. C’ est ahurissant. En fait, tout le monde dénonce les dysfonctionnements, mais surtout les alimentent. Je me trompe?

    • Les médecins cotisent pour la compensation uniquement dans le régime de base. Dans le complémentaire la totalité de la cotisation va aux médecins. Depuis 3 ans, rien ne va en réserves, et les réserves sont petit à petit entamées pour maintenir le niveau des retraites en attendant la remontée du rapport démographique (passage du numérus clausus de 3 500 à 7 500). Elles seront épuisées en 2035, à ce moment la démographie sera suffisante pour une génération. Nous avons fait en sorte que les retraites soient garanties jusqu’à 2070 ou plus, sans toucher à la cotisation ou aux retraites (dans ce régime complémentaire, reste la base et l’ASV que nous ne maitrisons pas)

  8. Bonjour
    Croyez vous possible de s opposer au projet de main basse sur nos cotisations via l ACCOS
    Co président le bloc

    • S’ils ne sont pas bêtes (le sont-ils ?) je ne suis pas sûr qu’ils aillent jusqu’au bout, c’est un bon moyen de torpiller la réforme en créant une pagaille monstre montrant ce qui va se passer en matière de recouvrement dans un premier temps.