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Démocratie ou dictature ? (2)

Qui dirige réellement la France ? Il y a ce que l’on nous fait croire, comme le fait que nous sommes une démocratie, et il y a une réalité toute autre que l’on nous cache : la France actuelle tient plus de la dictature que de la démocratie. Les apparences sont parfois trompeuses. Pour bien le voir, il faut avoir vécu de l’autre côté de la façade.

Examinons les faits qui le montrent, d’abord au niveau de notre système social, ensuite aux plus hauts niveaux de l’Etat.

De Gaulle a fondé notre système social en 1945 sur des bases on ne peut plus démocratiques. Les caisses maladie, les caisses de retraite devaient être gouvernées par des affiliés, élus par les affiliés. C’est encore inscrit dans le code de la SS. Depuis les années 80, le rôle des élus en maladie leur a été progressivement retiré au profit d’une haute administration, et si les Conseils existent toujours, on a « oublié » les élections pour distribuer des postes maintenant « consultatifs » aux représentants des syndicats, non des affiliés.

En matière de retraite, cela suit progressivement le même chemin, les syndicats « dirigent » le RSI, on connaît le résultat depuis 10 ans, ils viennent d’être introduits chez les libéraux à la demande du Dr Chassang. A la CNAV (Régime de base des salariés), la haute administration a réussi à mettre au Conseil d’Administration, via les syndicats, des représentants relevant des régimes spéciaux, non du régime commun !

Les syndicats ont-ils ainsi le pouvoir ? Il n’en est rien. Ils ne sont là, que pour faciliter la tâche de la haute administration qui les finance pour cela, faute d’adhérents pour le faire (nous avons le plus faible taux de syndicalisation des pays civilisés). Qui paye commande.

En 2003, j’écrivais au Président Chirac pour lui signaler les dysfonctionnements de notre système. Le code de la SS précise que les caisses sont administrées par des élus, mais toutes nos décisions, prises majoritairement, doivent pour pouvoir être appliquées passer par un décret ou un arrêté. Elles sont envoyées à la Mission Nationale de Contrôle (MNC, émanation de la Direction de la Sécurité Sociale, DSS), puis à la DSS, bureau 3C, chargé de mettre en place les textes nécessaires. Le code de la SS prévoit, Article L152-1 que « l’autorité compétente de l’Etat (MNC et DSS) peut annuler ces décisions lorsqu’elles sont contraires à la loi ou de nature à compromettre l’équilibre financier de la caisse ». Ce sont les seuls motifs d’annulation inscrits dans la loi. Le problème est qu’ils annulent la plupart de nos décisions en les ignorant, sans motif, sans explication, sans concertation, il suffit de ne pas publier les textes nécessaires. Ils le fonts sans motif, sans explication, sans concertation. Par contre ils peuvent sortir les textes qu’ils veulent, toujours sans jamais consulter, que nous devons mettre en application en modifiant nos statuts.  Le code de la SS ne leur donne pas ce pouvoir qu’ils usurpent, pas plus qu’ils n’ont la légitimité du peuple. Ce sont eux qui décident de tout, méprisant totalement le rôle des élus.

De plus la plupart n’a aucune compétence. Les responsables du bureau 3C changent tous les 2-3 ans, arrivent sans connaissance des sujets à traiter. Une fois formés, ils repartent ailleurs, j’en ai vu passer 8 ! Ils décident sans vraiment connaître le sujet, sans concertation, sans étude d’impact, et repartent sans être responsables de leurs actes. Je donnerai dans mon livre des exemples concrets de leurs méthodes et (in)compétences.

Qu’est devenue ma lettre à Chirac ? J’attends toujours la réponse, mais la lettre a été transmise pour réponse à la DSS, le responsable du bureau 3C m’appelant 3 jours après, effondré, m’accusant de vouloir briser sa carrière. Je lui ai répondu que je n’avais rien contre lui, mais contre les pratiques de la DSS, son prédécesseur faisait pareil, tout comme le fera son successeur.

Il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même dans les autres ministères, mais c’est aussi le cas au plus haut niveau de l’Etat. Les députés ? Pendant 5 ans on connaît le résultat des votes, aux ordres pour ne pas perdre leur mandat. Les 3 députés de droite qui n’avaient pas voté le plan Jupé ont perdu leur poste. Ils votent donc le texte qu’on leur demande de voter, avec ou sans gesticulations pour la forme. Et s’il leur prend envie de voter des textes non prévus par le gouvernement, on repasse ces textes autrement (voir prélèvement à la source). Et si c’est voté quand même, il suffit de ne jamais sortir les décrets d’application. Il en a été ainsi de la loi Thomas sur les fonds de pensions, votée par une assemblée d’élus, mais jamais appliquée faute de décrets. L’Administration a le vrai pouvoir. Les ministres ? Besoin d’aucune compétence : la politique est faite par leur directeur de cabinet, qu’ils ne choisissent même pas. C’est lui décide de la politique faite en collaboration avec ses collègues de l’Elysée et de Matignon qui l’ont mis en place, le Ministre n’étant là que pour présenter une politique faite par d’autres, du moins dans les grandes lignes, ces capacités de présentateur habile lui permettant d’être un jour à l’éducation, un jour aux armées, un jour à la culture, voire à la télévision…, sans vraie expérience sinon politique.

Alors qui dirige vraiment ? La haute fonction publique, une corporation bien soudée, sans aucune légitimité démocratique, se substituant aux élus, ayant même s’ils le veulent droit de vie ou de mort sur certains mandats si l’élu ne pleur plaît pas, j’ai payé pour voir leur peu de respect de la démocratie. Ils ne sont ni de droite, ni de gauche, restent en place quand les élus changent (d’où une politique qui change peu malgré l’alternance), ils se croisent d’un ministère à l’autre, se connaissant bien, ayant pour beaucoup été à la même école. Ainsi le chef du bureau 3C de 2003 est le beau-frère de Monsieur Fatome actuel directeur de la DSS, qui a l ‘époque était IGAS, et en est depuis à son 7e poste, ayant été « conseiller » de différents ministres, puis de l’Elysée. Conseiller de Sarkozy qui l’a ensuite mis à la DSS, ses plus beaux exploits l’ont été sous un gouvernement de gauche. Madame elle a la responsabilité de contrôler les fonds de la formation qui alimentent les syndicats…. Contrôles très pointilleux car toujours dispensés, malgré la loi, de publier leurs comptes…

Ils s’appuient sur les élus et les syndicats, tu me laisses faire, je te laisse faire. Tous s’arrangeant entre eux pour conserver leurs prérogatives, chacun y trouvant son compte. Politiques, syndicats, hauts fonctionnaires, dans le langage courant certains parleront de mafia, moi je dirai simplement que nous sommes dans une dictature administrative, une dictature sans dictateur, sans responsable, mais une vraie dictature, concentrant tous les pouvoirs, sans aucune légitimité démocratique, sans avoir de comptes à rendre à quiconque.

 

Larousse :

Démocratie : système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.

Dictature : régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes qui l’exercent sans contrôle, de façon autoritaire.

Gérard Maudrux

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Un commentaire

  1. On oppose facilement dictature et démocratie sauf que d’abord, la démocratie est le plus souvent représentative et que les institutions ou formes représentatives posent de nombreux problèmes, car la souveraineté du peuple est mise à mal.
    Histoire de caricaturer un peu pour lutter contre les illusions, on pourrait dire que dans une dictature, la force (police, armée) est au service du dictateur qui en use à sa guise. Tandis que dans une démocratie, la force fait respecter la loi, le droit. Et le pouvoir fait voter les lois qu’il souhaite de sorte que la force soit toujours à son service.
    Ce tour de passe-passe, apparaît plus clairement quand il s’agit du droit international (comme on dit) Ce supposé droit international a été concocté par on ne sait qui, on ne sait quand, on ne sait comment, on ne sait pourquoi sans jamais consulter les peuples. Ensuite il sert aux puissances qui l’ont édicté dans leurs entreprises; .

  2. Pour remettre toute cette aristocratie républicaine à sa place, je pense qu’il faut commencer par le début : un vrai pouvoir par le vote pour les citoyens : il faut que voter devienne une obligation ET que le vote blanc puisse invalider une élection. Par ailleurs les corps intermédiaires ne doivent pas avoir à dépendre financiérement de l’Etat. Il faudrait lier les droits sociaux des citoyens à une adhesion au syndicat de leur choix et pareillement au vote obligatoire de leurs représentants, donc responsable devant des électeurs de la gestion des caisses sociales.
    Mais bon … je sais que je rêve !
    Salutations

  3. Pour redonner de la liberté, face au carcan administratif, il faudrait entrer en résistance. Que nos syndicats dits libéraux appellent au déconventionnement jusqu’à l’obtention de principes intangibles: avoir le droit de décider,pour une partie, de nos tarifs afin de pouvoir s’adapter à notre environnement économique et financer notre cadre professionnel ( frais et cotisations sociales pour financer une retraite décente, achat de matériel innovant,
    recrutements de personnels etc…).
    Sans résistance de notre part les haut fonctionnaires ne changeront rien et nous resterons prisonniers des contraintes de la “haute” administration…

  4. On est passés de la dictature du prolétariat à la dictature du fonctionnariat:
    La racaille administrative ne supporte pas l’indépendance des libéraux qui leur donne des boutons. Nos serviteurs gestionnaires s’enivrent de leur pouvoir de nuisance et se prennent toxiquement pour nos maîtres.
    Même dans leur sérail, la pollution d'” académie” tue l bon enseignement, de même que les
    métastases bureaucratiques hospitalieres cancérisent la matière noble
    médicale .Espérons que Fillon, après ns avoir vengés de Juppé, et éradiqué la M.S.T.,fera voter la cotisation obligatoire aux syndicats pour
    dlluer et éteindre leur poison, et epurera l’Enarchie paralysante et prédatrice

  5. Bravo Gérard,
    il y a longtemps que je suis tes commentaires, toujours aussi effrayants mais pas décourageants. Pour que le peuple reprenne démocratiquement sa place, allez sur livedem.org

  6. Félicitations, tout est dit.
    Cher confrère, prends vite contact avec notre futur Président.
    Tu es à présent disponible pour nous représenter auprès des hommes politiques

  7. Votre travail de diffusion me procure beaucoup d’admiration.
    Je voulais vous soutenir par ce petit mot.
    Je présume que vous vous consacrez uniquement à ce blog sinon, encore bravo.

  8. Les propos ce jour de notre Royale Ministre d’Etat à l’égard de Fidel Castro, prétendant qu’il y a désinformation et qu’elle ne connaît pas de prisonniers politiques dans ce pays alors qu’Amnesty International en dénombre 8 600 (soit 50 000 a l’échelle de la France), me conforte dans mes propos : à l’ENA, le concept de dictature n’est pas le même que celui des démocrates que nous sommes.

  9. Merci Gérard pour ton analyse si pertinente.
    La France est une des dernières (avec la Corée du Nord) “républiques soviétiques” au sein de laquelle c’est une nomenklatura toute puissante qui tient les pouvoirs et s’engraisse sur le dos des con-citoyens.
    Continue tes analyses et révélations,
    bien confraternellement,
    Dr Jérôme Lefrançois

  10. Hélas, on appelle cela la démocratie.peux-tu citer des pays où l’administration n’est pas toute puissante ? La Belgique a vécu 18 mois sans gouvernement, sans premier ministre, et sans problème majeur.Alors!
    Il est donc difficile de se passer de cette organisation. Par contre, et c’est notre problème, il faut l’alléger à tous les niveaux.Nous verrons si Fillon, s’il est élu parvient à le faire. Amitiés.

    • En Suisse. La vie y est chère, mais les entreprise s’en sortent bien et c’est le plein emploi car l’Etat est réduit au minimum. Belgique et Espagne récemment (moins longtemps) ont effectivement démontré que cela marche très bien sans ces gens là.

  11. Gérard, prends contact avec les proches de Fillon pour essayer de développer la fibre philosophique libérale, dans le domaine de la Santé publique, chez celui qui incarne nos espoirs de remettre la France au travail (maudite Martine…) et d’en finir avec cette anesthésie doucereuse qui caractérise l’État-providence français. Il est évident que nous sommes devant une ENArchie inamovible, quel que soit le résultat des élections et que le spoil-système américain n’est pas prêt de se mettre en place dans notre beau pays crypto-marxiste dans lequel l’égalitarisme prime sur le goût de la Liberté.
    Tu as payé cher !
    Prends bien soin de toi.
    Nous t’aimons.
    Jean-Pierre Poinsignon.

    • C’est le seul aujourd’hui a avoir dit clairement qu’il fallait dégraisser, et qui n’a pas eu peur d’en heurter certains avec des chiffres montrant qu’il faut le faire, sans faire semblant. J’ai apprécié sa réponse à Jupé une semaine avant : “si on ne le fait pas maintenant, on le fera quand ?”. Par contre quand il dit que les syndicats ne sont pas un problème, il a tort. Il faudrait qu’il fasse comme en Suisse : faire voter le peuple, je vois mal les privilégiés descendre dans la rue contre les français. J’avais déjà expliqué cela à son directeur de cabinet il y a 18 ans quand il était ministre des affaires sociales. Il est vrai que je l’avais expliqué à un haut fonctionnaire énarque, pas à lui…

  12. Dans le programme de Fillon il est prévu qu’il fasse le ménage dans cette “haute” administration. Si il est élu espérons qu’il puisse le faire mais si cela est fortement souhaitable cela risque d’être particulièrement difficile. Bon courage à lui!!!!

  13. Petite information en passant. Ce n’est pas De Gaulle qui a fondé la sécurité sociale, mais un collectif de résistant dirigé par Ambroise Croizat, ouvrier communiste, qui a disparu de l’histoire…

    • Nous avons tous les deux raison : oui pour Ambroise Croisat qui avec Maurice Thorez et François Billoux, tous trois communistes, étaient ministres d’un gouvernement provisoire dont le chef était… le général De Gaulle. (page 30 de mon premier livre de 2000 et si mes recherches de l’époque étaient bonnes).

  14. Attention danger. Ces vérités ne sont pas bonnes à dire. Vous touchez le cœur du problème : Syndicats et Administation. Celui ou celle qui oseera y toucher aura de fortes chances de ne jamais être élu(e). Alors que faire? Le grand coup de balai c’est la dictature ou la révolution!.

  15. Il est bien évident que celà fait longtemps que nous ne sommes plus dans un état de droit. Les français étant des veaux (jugement émis par un autre que moi) au mieux, ils ne savent pas. Au pire, ils s’en fichent! Souvenez vous de l’importante littérature publiée sur les errements de Chirac: seule réaction de l’intéressé alors, qui a calmé les curieux : c’est abracadabrantesque!