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Placements des caisses de retraite

En 2012 les caisses de PL avaient subi plusieurs contrôles IGAS à charge, visant à justifier un changement de législation concernant les placements. Si les autres caisses avaient des contrôles plus sévères que celui de la Carmf, ces professions ont fait le dos rond avec leurs syndicats pour laisser passer l’orage. Seul celui de la Carmf a été exploité par des confrères peu scrupuleux, prêts à nuire à la profession et à ses institutions pour satisfaire des problèmes d’ego et de pouvoir.

La suite arrive avec un projet de décret, présenté par l’inénarrable Thomas Fatome, tout aussi liberticide à l’égard des PL que tous ceux parus depuis que Sarkozy l’a mis en place et MST reconduit. Pour résumer en quelques lignes ce texte abscond 11 pages :

1) On nous impose la présence d’un commissaire du gouvernement pour les commissions de placement. En quoi la présence d’un jeune technocrate qui ne connaît pas le sujet est-elle utile, alors que toutes les réunions font l’objet d’un compte rendu et relevé de décision transmis à la tutelle pour contrôle.

2) Fin de la gestion directe (la plus performante à la Carmf). Il faudra confier la totalité de nos fonds à d’autres, belle victoire des organismes de prévoyance, mutuelles et compagnies d’assurance qu’on ne choisissait pas faute de performance. 25% devront être mis dans des « fonds mutualisés », qui ne peuvent rentrer dans aucune catégorie du Code Monétaire et Financier, et qui doivent comporter des investisseurs tiers qui n’ont pas les mêmes objectifs et contraintes. Imaginons que le tiers soit la CNP avec de grosses sommes, nous subirons leurs décisions. Imaginons qu’une caisse dans ce fonds ait besoin de sortir des fonds, elle perturbera tout le monde.

3) Alors que nos réserves devraient servir à l’économie du pays, on réduit nos poches actions et immobilier. Des profits pour les financiers, pas pour les entreprises et le bâtiment. En immobilier, valeur sure sur le long terme et sécurisée, les 20% insuffisants actuels (les assureurs ont droit à 40%, on demandait 30%) passeront à 15%, et on prendra la valeur réelle pour établir ce quota au lieu de la valeur comptable comme aujourd’hui (20 à 25% de moins). Total : on aura deux ans pour vendre près 40 à 50% de notre patrimoine.). Vive les obligations d’Etat qui ne rapportent rien.

La place de Paris (AF2i), d’autres caisses de retraite comme l’Ircantec se sont mobilisés contre ce projet de texte qui donne plus de contraintes à nos caisses qu’aux autres investisseurs. Nous avons fait poser une question au parlement, réponse de la Ministre “cela sera fait dans la concertation”, même pas vrai. Qu’ont fait nos syndicats ? Rien, mais le pouvaient-ils après avoir appuyé le gouvernement pour faire croire que nous étions mal gérés pour essayer de virer le Président ? Ils ont leur part de responsabilité.

En ce qui concerne notre « mauvaise » gestion, la Carmf n’a rien changé à ses méthodes, et les résultats qui chagrinent certains sont là :

A fin aout, notre poste action était depuis le premier janvier à + 4,2% pour la gestion directe et + 2,92% pour les OPCVM (« gestion déléguée ») pour un indice Eurostoxx 50 à -5,38%. Egalement +2,27% pour les obligations. L’immobilier lui affiche un 8,45% de taux de rendement interne pour l’année.

Ces résultats sont indécents, il devient effectivement urgent de nous mettre des handicaps d’ordre réglementaires ou financiers.

Gérard Maudrux

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Un commentaire

  1. Bonjour,
    J’ai voulu samedi dernier , en toute naïveté, participer à l’AG de la CARMF, Je me suis dit que j’y gagnerai en compréhension, en suivant, en simple spectateur bien sûr, les échanges entre intervenants . Incroyable!!! alors que toutes les mutuelles ou compagnies d’assurances me convoquent régulièrement à des AG ( certes en pleine journée en semaine!!) , je me suis vu refouler, assez sèchement , même pourrait-on dire ?.. En effet, je ne suis QUE cotisant ( ou simple cochon de payeur ?) , et pas délégué !! J’hallucine… Je ne connais pas d’association quelconque où chaque adhérent ne participe pas, au moins une fois par an, à une AG , où, même s’il n’a pas un droit de vote, il peut s’informer, écouter, voire poser des questions. Ce serait pourtant un moyen utile pour que les médecins s’intéressent de plus près au sort réservée à notre Caisse ( aucun de mes confrères en activité autour de moi ne pige quoi que ce soit à ce qui se passe à la Carmf depuis belle lurette , sinon qu’on nous “pique le pognon”).
    Chers dirigeants actuels de la CARMF, un peu lus de transparence, svp?
    La confiance n’exclut pas le contrôle, et… réciproquement, non?

    • Imaginez que nos 200 000 affiliés fassent de même. Quelle salle, quel stade louer? Il faudrait aussi informer tout le monde pour ne pas discriminer, quel coût ?
      Aucune caisse n’a autant de représentants des affiliés, nous sommes les seuls à avoir une AG, les autres n’élisent que des administrateurs.Tous les chiffres du bilan, vérifiés par un commissaire aux comptes sont publiés dans le bulletin. Toute l’activité détaillée de la caisse est publiée sur site (rapport du directeur). Aucune caisse n’est aussi transparente.

  2. Docteur Maudrux: je lis avec assiduité tous vos billets et ne me suis, pas une seule fois, sentie en désaccord avec leur contenu. Je pense que la refondation du syndicalisme médical est impérative avec seulement deux syndicats:
    – l’un “conventionniste” qui discuterait avec la CNAM des modalites d’exercice de ses adhérents;
    – l’autre indépendant qui remettrait la CNAM et les complémentaires dans leur rôle d’assureurs devant traiter et discuter avec les associations de malades tandis que les médecins redeviendraient indépendants dans leurs pratiques et leurs honoraires.
    L’UFML souhaite se constituer en nouveau syndicat: ne serait ce pas une opportunité pour effectuer cette refondation et seriez vous prêt à y adhérer? Si oui je suis prête à travailler dans ce sens.

    • Je suis également totalement en phase avec l’UFML, Jerome m’avait invité à venir samedi, je l’aurais fait si je n’étais pas pris par l’AG de la Carmf en même temps.

  3. cette intervention autoritaire de l état sur denonciations de conferes collabos n est ni plus ni moins qu une spoliation mais c etait acté car la CARMF etait trop bien gérée par la “sociéte civile”.Il fallait que l ‘enarchie politichienne s en empare!!
    Heureusement le systeme est en voie d implosion totale..

  4. Cela me rappelle l’affaire ENRON qui a utilisé l’épargne de ses employés qui ont tout perdu ou presque travail et prévoyance dans le même temps.
    Les placements ne sont-ils pas privés pour la CARMF?
    Cet argent n’est il pas une délégation de chacun des médecins. Ne peut-on pas interdire cette irruption de l’état dans des affaires privées. Les impôts sont payés sur les plus values mais c’est directement le capital et la solidité de l’investissement qui sont attaqués!

    • Les montants appartiennent aux confrères sont plus ou moins “privés”, mais de plus en plus on nous dit ce que nous devons acheter et à qui, contrairement au code de la SS qui nous confie la gestion. Cela a t’il un sens si la gestion directe est interdite ? C’est un angle d’attaque juridique devant le Conseil d’Etat si le décret sort en l’état.

  5. Il faut bien que nos gouvernants nous fourguent la dette d’état. C’est déjà le cas dans le cadre des assurances vies. Et ce n’est pas terminé. La grande faillite se profile et l’état s’en protège en mettant ses dettes dans notre epargne et nos retraites.

    • La jouissance ultime pour ces gens là serait de nous obliger à prendre des obligations d’Etat à intérêts négatifs. En pratique on place 100 chez eux, et à -1%, il faudrait leur redonner 1 de plus chaque année. L’évolution actuelle, certains textes vont dans ce sens, et la loi Sapin permet également dans les contrats d’assurance vie de ne pas vous rembourser à votre demande si cela gêne la banque.