24

Covid-19 : Quelques vérités sur les lits.

Qu’est-ce qui fait qu’avec le même virus, puisqu’à priori personne ne parle de mutation, la mortalité ait de tels écarts d’un pays à l’autre, allant de moins de 0,5% (pour le moment) en Allemagne, à 8,5% en Italie ? La première chose est qu’il ne faut pas rapporter la mortalité au taux de dépistés, car il y a des pays qui dépistent à grande échelle, d’autres pas. Ainsi hier l’Allemagne, bien qu’ayant démarré l’épidémie 1 mois plus tard, avait 19 700 cas et nous 14 500. Si on dépiste tous les peu malades et les porteurs sains, le taux de mortalité devient faible.

Les morts sont essentiellement dus aux complications respiratoires de la maladie. Or en 2020, la médecine a ce qu’il faut pour qu’on ne meurt pas de détresse respiratoire. Une assistance respiratoire doit permettre de résoudre le problème respiratoire, le temps que l’on s’occupe de la maladie, ici le temps que le corps développe les anticorps nécessaires. On peut mourir du virus, pas du poumon.

Il faut donc du matériel : oxygène, respirateur, lit de réanimation et personnel adapté. Comme le montre cette courbe, il semble que d’un pays à l’autre, le taux de mortalité soit inversement proportionnel au taux de lits de réanimation.

Les taux d’équipements en soins intensifs varient du simple au triple entre l’Allemagne et le Royaume-Uni. La France est au même niveau que l’Italie. Il y a en Allemagne, 28 000 lits disponibles en soins intensifs. Ramené à la population outre Rhin, cela représente 6 lits pour 1 000 habitants, c’est-à-dire l’un des taux les plus élevés des pays de l’OCDE, après le Japon et la Corée. Un taux d’équipement 2 fois plus élevé que celui de l’Italie. Tous les chiffres OCDE sur les équipements médicaux sur https://data.oecd.org/fr/healtheqt/lits-d-hopitaux.htm .

Faute de lits adéquats, les hôpitaux transalpins sont obligés de se concentrer sur les cas les plus graves, certains patients ne peuvent être soignés. C’est le cas aussi en France. Il y a 6 jours, un cardiologue de Strasbourg me disait que s’il était atteint, il n’était pas éligible aux respirateurx, réservés aux moins de 60 ans. Hier sur M6, une infirmière demandant l’anonymat a dit qu’elle ne pouvait plus taire sur le fait qu’ils étaient obligés de faire des choix quant aux malades à traiter, et n’est pas sans raison qu’il y a 10 jours, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), a proposé de mettre en place des « cellules éthiques ».

Pour 28 000 lits de soins intensifs en Allemagne, il y a 5 100 lits en Italie et 5 500 lits en France. Cette capacité est en cours de doublement par aménagement d’autres unités et dans les cliniques privées. Le problème qui va se poser n’est pas le nombre de lits, on peut en trouver suffisamment, mais celui du respirateur, et des équipes de soignants à même d’assister 24H/24 un patient en sédation profonde, après avoir fait des coupes sombres (https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/salaires-des-infirmiers-nombre-de-lits-niveau-de-la-dette-neuf-graphiques-pour-comprendre-la-situation-des-hopitaux-avant-les-annonces-d-edouard-philippe_3709593.html).

Face à cette situation, comme pour les masques, notre gouvernement réagit, malheureusement avec les moyens dont il dispose : nous développons avec l’armée le seul hôpital de campagne dont nous disposons (eh oui, un seul), à Strasbourg, 30 lits.

A titre de comparaison concernant cette capacité de réaction, l’armée Espagnole déploie non pas un mais plusieurs hôpitaux de campagne, dont un de 5 500 à lits à Madrid. (https://actu.orange.fr/monde/coronavirus-course-contre-la-montre-en-espagne-32-de-morts-de-plus-en-24h-CNT000001oK9z2/photos/une-femme-portant-un-masque-de-protection-le-21-mars-2020-a-madrid-4d8e6d029d4d22d3d62701d7adba27a3.html). Quant aux chinois, 2 500 lits en dur avec respirateurs, clim, télés, radiateurs UV et pression négative en 10 jours, quelle leçon ! En tous cas, le résultat est là. (Pour voir l’intérieur : https://www.youtube.com/watch?v=50mdod7_trg ) .

Lueurs d’espoirs : la Croix Rouge chinoise nous envoie des masques, et l’Allemagne nous propose d’hospitaliser nos cas graves de l’Est.

Gérard Maudrux

Répondre à Reydy adrien Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

24 commentaires

  1. Étant très étonné qu’il y ait toujours aussi peu de lits pour accueillir les malades je suis malheureux de constater qu’on en est quasiment au même point six mois après ! Sachant que la moyenne d’occupation de ces lits semble être de 90% hors période de pandémie. Ce qui veut dire que l’on avait en France 500 lits pour gérer un pic. Maintenant combien ?

    • 5 200 lits (fixes) officiels, portés à 5 800. Maintenant il y a lits de réa, de soins intensifs, le privé,… Cela a été porté à près de 9 000 lors de la première vague.Effectivement, 6 mois ap^rès nous en sommes au même point.

  2. Bonjour

    Avez vois vu l’intervention de patrick cohen nous informant, dans l’émission “c’est à vous” que la france avait 19 000 lits de soins intensifs + RA et que de ce fait nous etions très proche de l’Allemagne, qu’en pensez-vous ?
    Savons nous exactement le nombre de lit en Allemagne équipé d’un respirateur ?
    Merci

    • Il y avait les lits de réa, normaux, tout équipés, fonctionnels, 5 à à 6 000, selon les sources. 4 fois moins que l’Allemagne, pour ces lits là. Ensuite, il y a des unités qu’on a transformé pour les transformer en lits de réa, avec du matériel plus ou moins adapté, sorti des blocs, des salles de réveil, sortis des cliniques, y compris quelques uns prélevés dans les cliniques vétérinaires, ce qui a permis de doubler voire tripler les lits disponibles. 20 000 ?, je doute, vu le matériel disponible, et tout dépend de la ventilation dont on parle : respirer seul de l’oxygène et ventilation forcée, cela n’a rien à voir.
      Le second problème, c’est savoir faire tourner ces machines sophistiquées, définir et suivre les paramètres nécessaires aux patients. Moi chirurgien, je ne sais pas faire. Il faut aussi le personnel qualifié correspondant.

        • Tout ceci est très élastique. Il faut nous expliquer comment il comptabilise 18 000 lits, alors qu’au plus fort, le 6 avril, il y avait 7 150 hospitalisés en “réa + soins intensifs”. Le plus fiable pour comparer est de voir les stats des dernières années de l’OCDE (5 000 et 20 000), et non les effets d’annonce en pleine pandémie. Maintenant ill est vrai qu’il y a des lits plus ou moins équipés, alors il ne faut compter que les respirateurs à demeure dans les unités.

  3. Entièrement d’accord avec le commentaire précédent; l’administration est le cancer de l’hopital publique du fait de sa pléthore et de son inutilité. Les médecins sont tout à fait capables de s’organiser sans les conseils d’incapables qui ne connaissent rien à la Médecine

  4. Cher Gérard
    Et moi qui croyais que notre système hospitalier était encore à la hauteur malgré la paupérisation organisée par nos gouvernements successifs depuis les années 1980.
    La vérité est bien pire que ce je croyais.
    Ce que je voudrais savoir, c’est si les lits de réanimation et de soins intensifs disponibles en France dans les établissements privés ont été comptabilisés pour faire cette comparaison.
    Car pour le moment, ces établissements ont été réquisitionnés depuis plus d’une semaine mais ils ont été très peu sollicités alors que les hôpitaux publics sont surchargés!

    • Ce sont les lits destinés à la réanimation en temps normal, pas les lits disponibles actuellement. Ainsi, une bonne clinique chirurgicale a 8 lits de réa post-op, elle a par contre 12 salles d’opérations, toutes équipées de respirateurs. Cela fait pour le Covid 20 lits mobilisables. Par contre je ne suis pas sûr que les 8 lits de réa aient tous un respirateur, ils sont déplacés selon les besoins dans l’unité. Cela doit faire en pratique 18 lits dispos, mais il y a aussi sans doute quelques respirateurs en salle de réveil, mais pas tant, car en général ne sortent du bloc que les patients débranchés. Les lits, on en a autant qu’on veut, le problème ce sont les respirateurs. J’espère qu’on a retrouvé les 6 000 appareils en stock en même temps que les 1,7 milliards de masques. Info méconnue : dans l’Est au moins, les respirateurs des vétérinaires ont été réquisitionnés.

  5. Hélas malgré nos critiques nos manifestations incessantes depuis 30 ans pour ma part la destruction de notre système de santé a abouti à la situation désespérée dans laquelle on se trouve
    Les soignants vont tomber les uns après les autres
    Si la vague n est pas endiguée une catastrophe sanitaire sans précédent s annonce
    Alors malgré cette situation restons solidaires nous libéraux sommes présents en soutien
    Le seul point positif c est que les soignants seront après la crise considérés à leur juste valeur et que la politique de santé devra changer
    Les politiques incapables aussi
    Ce système corrompu a assez duré
    F Honorat le bloc

    • J’admire ton optimisme en ce qui concerne la considération des soignants après la crise. Les Français ont la mémoire très courte, et ils sont formidables : on voit la gestion de la crise depuis la veille, digne d’un pays sous développé, et le Président fait un bon spectaculaire dans les sondages.

  6. Bonjour,
    Je me permets de vous demander un conseil avisé et confidentiel.
    Je suis Dentiste. Je tousse depuis 10 jours, Sans autre signe associé, si ce n’est une pression constante au niveau du thorax. Je n’ai pas été testée,mais je reste confinée.
    Je me suis procuré de l’azithromycine.
    Pensez-vous qu’il est judicieux avec ce tableau clinique de prendre ce traitement antibiotique, alors que je n’ai pas d’hydroxychloroquine?Heureusement qu’il y a des gens comme vous , pour lutter contre l’aveuglement, le déni, et l’incompétence.
    Très cordialement
    Françoise Lelievre

    • Pour répondre à votre question, le mail d’un ami hier :
      “la semaine passée nous avons vu avec V(sa femme) des covid 19 probables, pas de preuves possibles ( il restait 10 tests hier sur Thionville) la plupart des formes étaient bénignes et ne nécessitaient qu’un suivit téléphonique pour contrôler l’évolution . Nous avons eu quelques formes respiratoires +/- hyperthermiques et nous avons pris le parti de traiter à l’azithromycine pour éviter les complications.
      J’utilise hors AMM depuis longtemps l’azithromycine dans les EHPAD chez mes patients âgés fragiles sur le plan pulmonaires à trois comprimés par semaines ( cela m’a valut des remontrances de la sécurité sociale l’année dernière ……… Je traite notamment une patiente de 83 ans avec laché de ballons pulmonaire depuis un an ! et qui va bien ! )
      Les patients que nous avons mis sous azithromycine la semaine passée se sont rapidement améliorés dés le troisième jours de sorte que je ne sais pas si c’est l’azithromycine pour l’hydroxychloriquine qui est le plus actif ?
      l’association des deux me semble pouvoir donner des résultats spectaculaires chez les patients les plus atteints !
      On va sans doute attendre de supposées études scientifique pour valider le résultat , si ce sont les mêmes experts que ceux qui nous ont guidés jusqu’ici on n’est pas arrivé .”
      L’idéal chez vous est de tester en plus, pour savoir un peu plus où on va, mais qui a des tests ?

  7. Bonjour,

    Comment faites vous le calcul du nombres de lits total?

    J’ai déjà partagé ce lien il y a quelques jour et on pouvait trouver le nombre de lit de réa…. mais là, plus moyen de trouver le chiffre…

    3 lits de réa pour 1000? Pour 60M de Français, ça fait à la louche 180 000 lits de réa? Non?

    • En période de crise, pour rassurer, on peut trouver un décompte différent de celui en temps normal. Et puis il peut y avoir différentes catégories de lits que l’on assimile ou non. Le mieux est de prendre les chiffres de l’OCDE, dont je donne la référence, afin que vous alliez directement sur une source fiable. Il ont été publiés avant crise, donc plus sûrs, et avec les mêmes critères pour chaque pays. Curieusement je viens de me connecter, ces données sont “momentanément indisponibles”. J’espère qu’elles ne changeront pas.

  8. Cher Confrère, pourriez vous nous donner des nouvelles du Pr Levy ( doit M. Buzyn) étrangement absent depuis 3 semaines alors qu’on le présentait comme « le meilleur » il y’a deux mois ? Douteux…

  9. La Sécurité Sociale n’est plus (si elle l’a été à un moment) un outil pour permettre les soins, mais une administration faite pour limiter les coûts.
    Quand on détermine des taux cibles en dehors de tout besoin réel ou préalablement évalué, quand on fixe le nombre de lits au-dessous du taux de remplissage moyen d’un service recevant les urgences on est certain de se trouver débordé dans un grand nombre de cas. Par définition les urgences c’est imprévisible et il faut viser l’activité maximale et pas l’activité minimale. On peut espérer le meilleur, mais il faut préparer le pire. C’est l’inverse qui a toujours été fait par nos tutelles.

  10. Je suis absolument d’accord avec
    cette analyse de l’évolution des hôpitaux (ou je suis restée 25ans, avant d’aller en privé) Et on pourrait en rajouter!

  11. la france est l’un des pays ou nous dépensons le plus pour la santé, la france est l’un des pays d’europe ou l’on rémunère le plus mal les professionnels de santé , la france est l’un des pays d’europe ou nous payons le moins cher les médicaments , ou va l’argent…
    par contre nous avons l’une des administrations des hôpitaux la plus pléthorique, voir même pour l’AP HP une administration centrale comme si l’administration de l’hôpital ne suffit pas, chaque directeur d’hôpital a droit a des privilèges hallucinants: logement de fonction, voiture de fonction et droit de vie ou de mort sur les médecins (Cf le suicide du professeur de cardiologie de l’hôpital George Pompidou il y a quelques années) et à coté de cela c’est la pénurie pour les respirateurs et dans tous les services, il ne manque jamais la moindre secrétaire pour chaque directeur dans l’administration, par contre une secrétaire pour taper les compte rendu , oui il en manque.
    Tant que l’administration d’un hôpital n’est pas au service des soignants mais pour se développer tel un cancer, cela ne changera pas nous serons en pénurie, et l’argent injecté actuellement servira à remplacer les ordinateurs et les imprimantes de l’administration ainsi qu’à embaucher plus d’administratif, rien pour les services de soins.
    Tirez en les conclusions…