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Les contradictions du Covid-19

(Article posté le 3 mars 2020)

Avec le Covid-19 on entend tout et n’importe quoi, on peut faire tout dire aux chiffres en ayant toujours raison, les pessimistes et les optimistes ont sans doute autant raison, et les adeptes des verres à moitié vides ou à moitié pleins ont de quoi se régaler.

Si on prend les 2 extrêmes, grave épidémie mondiale mortelle ou grippe saisonnière qui s‘éteindra au printemps, ainsi que toutes les prévisions intermédiaires, qui a tort, qui a raison ? En fait tout le monde a raison avec ses arguments car tout est possible, seul l’avenir nous dira qui avait le plus raison.

LES PESSIMISTES :

Comme pour la météo, on peut regarder les expériences passées pour prédire l’avenir, alors on doit faire un parallèle avec la grippe espagnole de 1918-19, avec ses 50 à 100 millions de morts, plus que la guerre 14-18. Pourquoi comparer ? Un corona virus, comme le Covid-19 ; une grippe, très contagieuse, comme le Covid-19 ; mortelle par ses manifestations pneumoniques, comme le Covid-19 ; à mortalité élevée, 2 à 4% selon les sources, comme le Covid-19. Née en Chine (discuté), comme le Covid-19, mais avec un passage aux USA pour sa mutation létale. L’origine Chinoise et aviaire ou porcine sont discutés faute de pouvoir avoir à postériori le génome du virus.

Au fait pourquoi espagnole, pays touché ni plus ni moins que les autres ? Parce que c’est le seul pays à avoir donné des chiffres en temps réel, comme on le fait aujourd’hui, alors que les autres l’ont fait à postériori, donnant l’impression pendant l’épidémie que c’était le pays le plus touché.

LES OPTIMISTES :

Les optimistes vous diront que c’est une grippe, que les grippes ont un caractère saisonnier. Pour l’espagnole, à part quelques foyers, le printemps a confirmé le facteur saisonnier (mai 1919), nous sommes à mi-course et il faut tenir encore 2-3 mois. Ils vous diront aussi qu’à l’époque, nous n’avions pas les moyens actuels de lutte contre les épidémies. Remarquons quand même qu’à l’époque la population mondiale était le quart de ce qu’elle est aujourd’hui, et qu’on ne circulait pas beaucoup, ce qui remplace largement nos principales mesures actuelles. Moins de contacts, moins de diffusion.

LES PRAGMATIQUES (et optimistes) :

Les pragmatiques se pencheront sur les chiffres, même si « les chiffres du passé ne préjugent pas de l’avenir ». Les chiffres sont là pour nous faire relativiser. « Seulement » 3000 morts dans le monde, essentiellement en Chine où la décrue est bien marquée, contre 8 100 morts rien qu’en France pour la grippe saisonnière en 2019 (plus de 500 000 dans le monde), dans une population relativement vaccinée. Pas de quoi en faire une maladie et de quoi voire la vie en rose. S’inquiète-on autant pour les 75 000 morts du tabac ? Paradoxal. Quant à la mortalité de 2,3%, elle est sans doute inférieure car elle ne tient pas compte des porteurs sains, il y en a toujours, mais combien ? C’est quand même 10 fois plus que la grippe saisonnière : 0,2 à 0,5%.

LES INCOHÉRENTS :

Là on va reconnaître la France et ses dirigeants, que le bon sens a du mal à comprendre. Le bon français va être fidèle à lui-même : il va refuser d’aller travailler pour ne pas être contaminé, mais ne ratera pour rien au monde son match de foot. Le système va bien l’aider avec le droit de retrait et des mesures de plus en plus surprenantes.

Pour le droit de retrait, cela commence : on ferme les musées, les conducteurs de bus commencent à débrayer. Il y a 8 jours les contrôleurs de TGV vers l’Italie descendaient à la frontière (je n’ai pu savoir s’ils remontaient dans les TGV revenant d’Italie…). Au sujet de ce droit, les premiers à en avoir besoin sont les soignants, les plus exposés, car un patient vu = une contamination probable. Je suggère donc qu’au nom de l’égalité, tous les soignant exercent un droit de retrait et cessent toute activité.

Et puis il y a tout le reste, nous s’en sommes encore qu’au début. On interdit aux joueurs de foot de se serrer la main sur le terrain, tout en autorisant les matchs. Le summum a été atteint avec l’accueil des supporteurs du match Lyon-Turin, au plus fort de la quarantaine des rapports avec l’Italie. 2 000 élèves ayant séjourné dans ce pays ont été priés de ne pas aller en classe, et 8 jours plus tard on leur demande d’y retourner au prétexte que le virus est chez nous. On ferme des écoles sans se préoccuper de qui s’occupera des enfants. Je rappelle qu’à ce jour, il y a zéro mort chez les enfants sur les 3 000 premiers morts, et que les moins de 10 ans représentent 1% des patients. Au nom des mêmes principes, demain on fermera les écoles, les musées et tous les bâtiments publics à chaque épidémie de grippe avec ses 8 100 morts chaque année. J’ai du mal à comprendre certaines décisions, ou alors, pour être logique, il faut aller jusqu’au bout : tout le monde reste chez soi, avec interdiction de sortie. 

Autre problème : on n’est pas prêt, on n’a pas les moyens de notre politique. Les Chinois ont construit des hôpitaux gigantesques en 8 jours, avec un peu plus de délai pour anticiper, qu’avons-nous fait ? Voilà qu’on parle de renvoyer dehors (= aux soignants libéraux..), les malades les moins graves. Il n’y a pas de justification médicale, encore moins épidémiologique, c’est tout simplement parce qu’on va très vite manquer de lits. On isole des sains d’un côté, on relâche des malades de l’autre. 3 mois après le début, on n’a même pas de masques corrects à distribuer aux soignants.

LES IGORANTS :

Alors que faire ? Même si le risque est inférieur à ce qu’on peut craindre, le maximum doit être fait, même s’il faut accepter des mesures incohérentes, car le pire est tout aussi possible en l’état des connaissances. Quand on voit la rapidité de passage de 10 cas à 200 en quelques jours (et combien demain ?), que dire de l’efficacité de nos mesures, pourtant plus faciles à appliquer sur 10 cas que sur des milliers. On peut se demander si on peut vraiment maîtriser quoi que ce soit. On n’arrête pas de nous parler de nos mains. Si c’est le vecteur principal, la solution est facile : des gants, mais paradoxalement, personne n’en parle !

Pour comparer et prévoir, il nous manque un indice important. Le taux de mortalité, et donc la gravité, facile à connaître. Par contre manque le taux de contamination (et son vrai mode). Qui, homme ou virus, est très contagieux, qui l’est moins ? Cela permettrait aussi d’établir un semblant de rapport risque/bénéfice/conséquences des différentes mesures envisagées. Ainsi fermer les écoles ? Quel risque, quel bénéfice, quelles conséquences ? Aujourd’hui on décide, mais sait-on ? Renvoyer les malades non graves se faire suivre par leur médecin traitant (à qui on ne donne aucune protection) et contaminer tous les soignants ? Quel risque, quelles conséquences ? Là on sait, mais on va le faire.

Ignorants nous le sommes tous, alors que faire. Des précautions d’hygiène et éviter au maximum certains contacts, mais aussi vivre normalement, car il ne faudrait pas que la psychose fasse plus de dégâts que la maladie, ce risque n’est pas nul non plus.

Signalons au passage, en pleine crise parallèle du virus 49-3, que des professionnels sont complètement ignorés par la large distribution d’avantages pour des métiers dits pénibles ou à risques : les soignants. Il faudrait peut-être les mettre en tête de liste car dans le type d’agression actuelle, le risque qu’ils payent un lourd tribut, supérieur à toutes les guerres et incendies depuis 75 ans, n’est pas une utopie. L’histoire montrera que ce seront les grands oubliés de cette crise.

Gérard Maudrux

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5 commentaires

  1. Bonsoir, merci pour ce super blog de prévention contre le coronavirus.
    Je suis un lecteur régulier depuis de nombreuses semaines et j’apprécie beaucoup cet article.
    Ce virus est ultra contagieux il est vraiment nécessaire de prendre beaucoup de précaution de précaution,
    Pour cela je vous propose tous cette liste secrète anti-Coronavirus https://cutt.ly/btQgGaA
    Je me permet de la poster ici car elle aide des milliers de personnes au quotidien, merci et à bientôt pour une prochaine article

  2. Merci Gérard une fois de plus !
    Le bon sens dans un océan de médiocrité technocratique…
    Quand on voit la carte du monde, il n’y a pas d’extension dans l’hémisphère sud (c’est la fin de l’été) ni dans les pays très froids.
    Cela évoque peut-être une saisonnalité ?

    • Absolument, comme le grippe espagnole, et comme tous les coronavirus, mais on ne le saura qu’après, car il y a toujours des exceptions qui confirment la règle.

  3. Merci, Gérard. On peut compter sur toi pour dire des choses simples et de bon sens… Pour ceux qui en ont encore un … bon sens !