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Fédération ou confédération ? (3)

Non je ne vais pas vous parler de la Fédération des Médecins de France, ni de la Confédération Syndicale des Médecins de France, mais de l’Europe.

La dégradation de notre société provient autant de l’immoralité ou de l’incompétence des hommes que de la “bureaucratisation”, tumeur maligne de toute structure sociale. N’espérant plus grand chose de nos gouvernants, politiques ou haute administration, qu’ils soient de droite comme de gauche, nous avons cru au début que l’Europe viendrait un peu mettre le holà, débouchant sur une union de nations souveraines se soumettant à un gouvernement central minimum imposant de saines règles de base comme l’équilibre financier, tout en conservant une assez large autonomie.

Le problème est que nos politiques et bureaucrates l’ont orienté vers une fédération, un super-Etat, avec une super-administration, de super impôts, de super réglementations, un super dirigisme. C’est ce que nous supportons quotidiennement porté à la puissance 10. A notre épaisse couche de hauts fonctionnaires s’ajoute une nouvelle couche, encore plus anonyme, qui de plus s’occupe de tout (longueur des bananes, fromages, bières…), sauf de l’essentiel (sécurité, emploi). Avec Amsterdam le pouvoir restera encore longtemps entre les mains des commissaires de Bruxelles, autrement dit de fonctionnaires non responsables et désignés par qui ?

Il y a plus de vingt ans, une délégation d’élus était allé aux USA pour étudier la politique référendaire de Californie. Remarque des intéressés : “Pourquoi venir si loin alors que nous Californiens, nous sommes allés étudier et copier la … Suisse qui est à côté de chez vous”. Déjà en 1803 Napoléon l’avait remarqué : “Du haut de ces montagnes souffle le vent de la liberté”, et avait échoué à les mettre au pas. Il n’y a qu’un pays au monde où le peuple est aussi souverain : la Suisse. Alors que nos eurocrates et nos politiciens de tout acabit ne cessent de mettre la charrue avant les bœufs, pas un instant ceux-ci ne se sont inspirés de la constitution Helvétique qui est un modèle. Un modèle au cœur de l’Europe, sous leurs yeux, un comble !

Une constitution qui unit pour le meilleur et pour le… bonheur trois peuples dissemblables, batailleurs dans le passé. Une constitution façonnée au premier chef pour sauvegarder leur démocratie, la meilleure du monde, même si elle semble parfois un peu excessive et folklorique. Or c’est grâce à cette démocratie directe, issue de la nuit des temps, relayée par les initiatives et les référendums, que s’est fignolée consensuellement cette confédération Helvétique… qui nous fait rêver, nous, Français de plus en plus dépouillés de notre citoyenneté.

Si la France est née d’une volonté étatique et hégémonique, la Suisse est une émanation populaire depuis sept siècles, lorsque trois minuscules pays montagnards, l’Uri, l’Unterwald et le Schwyz, signèrent un pacte en vue de s’assurer une défense commune et de conforter leurs moyens propres. Rien de plus. Au fil des années d’autres contrées les rejoignirent avec le même état d’esprit. Conservant leurs prérogatives elles prirent rang de nouveaux cantons associés.

Dans ce pays où il n’y a pas véritablement d’hommes politiques, il n’est point besoin de diviser les citoyens à leur insu pour mieux régner. Toutes les nationalités, toutes les langues (quatre langues officielles et quelques dialectes) et toutes les confessions se côtoient sans aucun problème. Heureux pays. Il n’y a pas d’Etat fort, pratiquement pas de fonctionnaires, et tout fonctionne à merveille, au moindre coût, car tout le système repose essentiellement sur la souveraineté des citoyens.

Une confédération à l’instar de la Suisse des cantons, voilà où l’on devait s’acheminer depuis 40 ans. C’est le seul moyen d’apaiser les susceptibilités, rassurer les nationalistes et indépendantistes aux aspirations irréconciliables et entretenues…

Comment la Suisse avec les impôts et les charges les plus faibles d’Europe, n’a quasiment pas de chômage malgré une croissance longtemps inférieure à la nôtre ? Serait-il donc possible d’être prospère sans l’Euro ? La réponse est simple : en Suisse, le pouvoir est entre les mains du peuple souverain, non des technocrates ou des politiques. Alors que l’Europe cultive la dette et guérit les pays surendettés par un surcroît de dette communautaire, la Suisse ne s’endette pas au-delà du raisonnable, car un individu ne s’endette pas au-delà du raisonnable. Sa dette est de moitié de celle du Poitou Charente, à laquelle s’ajoute la dette nationale.

Ce sont là les clés de la prospérité et de la liberté, que nos hommes politiques ne sont pas prêts de donner, préférant les garder pour eux-mêmes.

Gérard Maudrux

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Un commentaire

  1. Gérard, je te félicite pour ta nomination de Président honoraire de la CARMF avec Badetti, et Labadens.Tout Arrive…Bonnes fêtes de fin d’année

    • Au même niveau que Badetti ? Pas très honorifique ! Si j’avais à choisir entre ce titre (qui a un an, mais qui apparaît dans le dernier bulletin), et celui de créateur de la retraite à la carte, j’aurais préféré le second, qui n’apparaît pas. Tu le sais, je suis plus attaché aux actions qu’aux titres. Amitiés.

  2. que penser de l’administration a l’hopital?
    j’ai l’impression que quand j’étais interne , il y a une quarantaine d’années
    il y avait nettement moins d’administratifs et donc de réunionites , de statistiques de tracasseries multiples –
    Le fonctionnarisme a tout envahit – Que faire ?

  3. Et si on divisait la France en plein de petits cantons suisses, libres et autonomes, ne réglerions nous pas simplement le problème en supprimant purement et simplement la notion de France et son centralisme délétère. La réduire à une simple communauté linguistique et encore? Chaque communauté, de langue française ou non, serait tellement plus facile et moins onéreuse à gérer, les humains plus solidaires par proximité. Nos impôts ne s’en trouveraient ils pas réduits comme à Monaco, au Lichtenstein, à Andorre, au Luxembourg….? Que des paradis fiscaux chez nous! On peut toujours rêver.

    • Le rêve aurait pu en partie se réaliser lors de la réforme des régionales.Personnellement j’aurais supprimé les régions et fait de grands départements en les divisant par deux pour faire de petites régions. Plus de proximité, meilleur fonctionnement et coût divisé par 3 (plus de région et moitié moins de départements, 3 fois moins d’élus, 1 préfet sur deux,…). Savoie, haute-savoie = 1 dép. Haut-rhin, bas-rhin = alsace, drôme ardèche, O6-83, 04-05, etc. Parfois 1 (Rhône ?, parfois 3, selon la géographie). Malheureusement aujourd’hui on a encore Corse = 2 dép + 1 région = 3 structures. Ne désespérons pas, peut-être qu’un jour on simplifiera.

  4. Oui… mais la Suisse a été historiquement le premier pays à industrialiser la banque pour siphonner les collectes fiscales des autres pays (bien avant les multiples colonies britanniques et plus récemment les très “Européens” Luxembourg ou Irlande). Accueillir des immigrés ? Oui… mais seulement des très très riches. Pour les pauvres, c’est “- NEIN”.
    Et par référendum !

    • L’activité bancaire n’y est plus ce qu’elle a pu être et ne représente plus grand chose, la Suisse ne s’est pas effondrée pour autant. Il n’y a pas que des riches en Suisse, il y a aussi des travailleurs dans tous les métiers, la plupart venant de l’étranger. La Suisse a toujours et continue d’accepter ceux qui viennent pour travailler, par contre effectivement elle freine pour les autres, selon la volonté du peuple. En 2014 ils ont voté contre une immigration massive croissante, les mesures qui seront prises ne le seront pas avant 2019, il ne s’agit pas d’interdictions mais de quotas, dans un contexte d’immigration acceptée très supérieure à la nôtre. Ainsi en 2014 la Suisse, 8 millions d’habitants, a accepté 76 000 migrants, à l’échelle de la France, cela fait 600 000. Désolé, la Suisse accueille plus de migrants que nous. Si nous avions ces 600 000 migrants et que l’évolution va vers 1 million et plus, nous demanderions à ce que des mesures soient prises, c’est ce qu’ont fait les Suisses. Il y a les chiffres, il y a ce qu’on nous dit, et ce n’est malheureusement pas toujours la même chose.

  5. D’accord avec vous : nous sommes en fait je crois administrés ( je ne dis pas gérés) par le microcosme de Davos: ce club très fermé des chefs d’états et premiers ministres ainsi que des représentants des grandes banques d’affaires et des sociétés du cac 40. Ils organisent la collecte de leurs bénéfices ce qui en soi est normal mais aussi la façon légale de les planquer dans les paradis fiscaux ce qui l’est moins. Ainsi en profitent ils seuls tandis que les états sont privés des impôts qui leur sont dus et que le capital humain qui a coopéré à ces bénéfices n’en reçoit aucun dividende. Mais que peut on faire en dehors d’essayer de les virer tous?

  6. Oui, c’est possible, nous n’avons pas besoin des politiques! Ils nous font croire qu’ils sont indispensables mais c’est une illusion et peu à peu ils installent le chaos. Faisons connaître le système suisse où la population a la possibilité de diriger son pays.

  7. Que dire de plus.
    La démocratie appliquée permet effectivement le “vivre ensemble” et ceux qui l’empêchent jouent avec un feu qu’ils disent combattre.

  8. Tout cela est complètement marqué au coin du bon sens …mais les bureaucrates ont-ils une autre idéologie que de nous maintenir assujettis ?

  9. Partons en Suisse… mais voudront-ils de nous? et pourrions nous y vivre avec nos petite retraites françaises, qui maigrissent avec l’obésité croissante de nos charges et de nos impôts? (ceci dit, ils ont aussi leurs petits scandales de pots de vin liés au pouvoir,si, si, ils ont aussi des élus qui se font prendre la main dans le pot de confiture…) Mais c’est vrai qu’ils n’ont plus la Cour et ses ors “que le monde nous envie”! Pas de pitié pour ces élites qui nous méprisent, ils m’ont moi aussi poussé vers la sortie à coup de règles, de normes, de tracasseries et fait quitter un métier qui m’avait toujours donné des satisfactions humaines, des rencontres enrichissantes et j’en passe. Il suffit de voir dans quel état est la psychiatrie française aujourd’hui, ça ne doit pas être générateur de profits pour l’industrie, ça n’est que du social, et le social, ce sont les “sans dents”, alors on ricane et on passe à autre chose.. et bien en Suisse, le social , ça ne les fait pas rire, et nos confrères helvètes sont respectés pour ce qu’ils font: rééquilibrer l’humain face aux croyances qui le détruisent, parce que chez eux le citoyen a le droit de se dresser contre les institutions. Si la pétition remplit son quota de signataires, celle-ci doit être examinée et si un vote en découle il devra être appliqué, et ce n’est pas le moindre directeur de cabinet Schmoll ou autre, qui aura la possibilité de rayer d’un trait de plume la séquence qui n’a pas l’heur de lui plaire. Je m’égare un peu là? Non ?